Rwanda : L’armée françaiserattrapée par «l’opération Turquoise»?21/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1981.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Rwanda : L’armée françaiserattrapée par «l’opération Turquoise»?

En février 2005, six rescapés du génocide rwandais se sont constitués partie civile et ont déposé plainte devant la juge du Tribunal aux Armées de Paris (TAP) pour des faits commis par des militaires français au Rwanda en 1994. Rappelons que, selon l'ONU, ce génocide a causé la mort de près de 800000 personnes au sein de la minorité tutsie et fait aussi de nombreuses victimes parmi les hutus opposés au pouvoir en place à l'époque.

Cette plainte contre X pour «complicité de génocide et/ou complicité de crime contre l'humanité» vise l'opération Turquoise, au cours de laquelle 2500 soldats de l'armée française, sous mandat de l'ONU, avaient été chargés de former une zone humanitaire sûre dans le sud-ouest du Rwanda entre le 22 juin et le 22 août 1994, mais ont en réalité facilité le génocide.

La juge chargée du dossier, Mme Raynaud, s'est rendue dans la capitale rwandaise, Kigali, afin de recueillir les dépositions des six plaignants rwandais, qui ne pouvaient pas se déplacer en France. Leurs témoignages mettent en cause les soldats français et, suite à ces témoignages, le parquet a bien été obligé d'ouvrir, en décembre 2005, une information judiciaire contre X pour «complicité de génocide» et «complicité de crimes contre l'humanité». Mais le procureur du Tribunal aux Armées, Jacques Baillet, a riposté en contestant la légalité des auditions réalisées par le juge Raynaud au Rwanda.

Finalement, la plainte des six Rwandais vient d'être acceptée et elle ouvre le dossier du rôle des militaires français de l'opération Turquoise. Mais, vu les nombreux épisodes et les diverses embûches qui se sont succédé depuis près de dix-huit mois, révélant clairement une volonté politique d'entraver l'instruction, on peut sans nul doute s'attendre à de nouveaux rebondissements dans cette affaire, qui risque de traîner en longueur. D'autant que la juge Raynaud, après douze ans passés au TAP, a depuis quitté ses fonctions, estimant qu'elle rencontrait un certain nombre de difficultés lors de ses instructions...

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