Personnes âgées et risques liés à la canicule : Pas grand-chose de changé depuis 200321/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1981.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Personnes âgées et risques liés à la canicule : Pas grand-chose de changé depuis 2003

Trois ans après la surmortalité provoquée par la canicule de 2003, une nouvelle vague de chaleur -heureusement moins forte pour le moment- est apparue dans le pays. Et des cris d'alarme se font entendre, car il y a eu peu d'améliorations depuis 2003.

L'État a pris quelques mesures, mais presque uniquement celles qui ne coûtent rien. Ainsi il a été élaboré avec l'Institut national de veille sanitaire et Météo France une série de niveaux d'alerte 1, 2... jusqu'à 4. Il a été décidé qu'en fonction de ces niveaux les maisons de retraite déclencheraient des «plans bleus» et les hôpitaux des «plans blancs». Quant aux maires, ils doivent recenser les personnes fragiles qui vivent seules, avec l'aide de La Poste, des boulangers (?) et des associations. Et les autorités incitent «les voisins et les proches à prendre régulièrement des nouvelles des plus âgés». Tout ceci n'est certainement pas inutile, mais ne coûte pas cher, et surtout ne suffira pas pour régler un éventuel problème sérieux.

Question finances, l'effort est beaucoup plus limité. Il a permis d'aménager des pièces climatisées, qui pourront servir de refuges, dans la quasi-totalité des maisons de retraite. Mais, comme le dit le président de l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées: «Il faut du personnel, et de ce point de vue-là les choses ont très peu évolué (...); pour donner à boire aux résidents, il faut des employés.»

Quant aux hôpitaux, il n'y a quasiment rien pour eux. Dans un hôpital des Alpes-Maritimes (région où la chaleur est très forte), on signale des personnes âgées allongées sur des brancards, faute de lits, et un médecin proteste: «J'ai moins de personnel et de lits qu'en 2003.» Des urgentistes s'insurgent, car c'est aux urgences que vont presque toujours les personnes âgées victimes de la chaleur, ou de maladies aggravées par la chaleur.

Pour le responsable CGT des médecins urgentistes, qui travaille en Seine-Saint-Denis: «Depuis la canicule de 2003, rien n'a changé. On attend toujours les infirmières et les lits supplémentaires.»

L'État a bien débloqué quelques millions d'euros pour financer le déplafonnement éventuel des heures supplémentaires. Mais, cette annonce ayant été faite le 22 juin, comme le remarque le même urgentiste, «Alors que tous les plannings de vacances estivales sont faits, cela pose un problème».

Et puis, arme ultime annoncée le 21 juin par le ministre de la Santé: 17 millions seront débloqués pour du personnel supplémentaire en cas de crise, dans les services de soins à domicile, les maisons de retraite, etc.

17 millions, c'est dérisoire, même si cela venait à s'ajouter à quelques dizaines de millions antérieurs.

Il ne reste qu'à croiser les doigts en espérant ainsi repousser la canicule, ce qui sera à peu près aussi efficace que les mesures gouvernementales.

Quant aux personnes âgées, elles pourront méditer sur les retombées financières de la journée du lundi de Pentecôte travaillée, qui devaient paraît-il leur être consacrées.

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