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Dans les entreprises
Nièvre : Fermetures d’entreprises et licenciements en série
Depuis deux mois, les annonces de licenciements et de fermetures d'entreprises se sont multipliées dans la Nièvre. Ce sont de grands groupes français ou étrangers qui font déjà de gros bénéfices, mais qui veulent en faire encore plus et qui, pour cela, n'hésitent pas à jeter des centaines de familles dans la misère et toute une région dans la pauvreté.
Fin juin 2006, la direction du groupe Faurecia annonçait 690 suppressions d'emplois sur toute la France pour la période 2007-2008. À l'usine de Cercy-la-Tour, qui fabrique des armatures de sièges automobiles, ce sont 140 emplois qui devraient disparaître, ceux-ci s'ajoutent aux 75 suppressions prévues d'ici la fin de l'année 2006. Et la direction ne dit rien concernant les quelque 150 intérimaires, embauchés la plupart du temps à la semaine, qui travaillent régulièrement à Cercy-la-Tour.
En mai 2006, c'était la direction du groupe Stanley-Facom qui décidait 580 suppressions d'emplois en Europe et la fermeture de l'usine d'outillage de Nevers-Saint-Éloi où travaillent 134 ouvriers.
Le groupe Facom a été racheté par le groupe Stanley en janvier 2006 et il n'a pas fallu attendre longtemps pour que la direction du groupe décide de «réduire les coûts pour être compétitifs», bien que l'usine de Saint-Éloi fasse des bénéfices. Dans une lettre adressée à chaque ouvrier, la direction parle de «rationaliser, optimiser, réduire les frais généraux» et termine sa lettre de licenciement par un cynique «Je vous remercie de votre compréhension». Et début juillet la direction menaçait de sanctions plusieurs travailleurs en les accusant «de lever le pied». Suite à un débrayage, les menaces furent annulées.
Le 17 mai, c'était la direction du groupe DBApparel, qui regroupe les marques Dim et Playtex, qui annonçait la suppression de 450 emplois en France, avec la fermeture de l'usine de Château-Chinon dans la Nièvre qui compte 95 travailleurs.
À Look Fixations, racheté il y a un an par le groupe Quick Silver, la direction prévoit «un plan social d'entreprise», comme elle dit, avec 63 suppressions de postes.
À Euro-Auto Hose à Nevers, ce sont 56 licenciements qui ont lieu en ce moment.
La petite entreprise de transport Girard à Magny-Cours a fermé fin juin 2006 en licenciant 21 personnes.
Avec les menaces qui pèsent sur ATB Selni à Nevers, Nivergrès à Decize, cela pourrait faire au total près de 600 emplois supprimés.
L'OPA de Mittal-Steel sur Arcelor peut aussi faire craindre des licenciements aux Aciéries d'Imphy qui sont dans le groupe Arcelor. Entre 2003 et 2005, l'usine d'Imphy a perdu 400 emplois au nom de la rentabilisation de la production, et la fusion Mittal-Arcelor pourrait bien entraîner des restructurations et donc des risques de licenciements supplémentaires. C'est d'ailleurs ce que prévoit Roland Junck, de la direction générale d'Arcelor, qui parle de la suppression de 25000 à 30000 postes.
Les travailleurs de Dim, de Facom, de Faurecia ont débrayé et manifesté pour montrer leur colère et leur opposition aux licenciements.
Pour les trois usines, les différents groupes qui les possèdent font de gros bénéfices.
Par exemple, les plus gros actionnaires de Faurecia à Cercy-la-Tour sont Peugeot et Renault, qui ont fait 4,4 milliards d'euros de bénéfices à eux deux en 2005.
Les dirigeants du Parti Socialiste qui sont à la tête du département ont multiplié les réunions, ils ont fait appel aux ministres, à l'État, ils demandent des aides pour réindustrialiser le département. Mais tout cela ne mène à rien. Les gouvernements, qu'ils soient de droite aujourd'hui, comme de gauche hier ou peut-être demain, ne veulent pas interdire les licenciements et refusent de s'opposer aux patrons licencieurs.
Seule la mobilisation des travailleurs pourra changer le cours des choses et s'opposer à ce droit absolu du patronat de pouvoir licencier et fermer les usines comme il le veut.