L’événement de l’été est sur TF121/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1981.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L’événement de l’été est sur TF1

Ce devrait être un événement banal, pas du tout phénoménal. Et pourtant toute la presse en parle. À commencer par «le journal de Claire Chazal». Pas étonnant puisqu'il s'agit de la première apparition d'Harry Roselmack, journaliste noir embauché comme doublure estivale de Patrick Poivre d'Arvor, au journal de 20 heures sur TF1.

Certains soulignent l'audace de la chaîne de Bouygues; d'autres, et parfois les mêmes, saluent le coup de pub réussi par une chaîne qui n'a, en fin de compte, fait que débaucher un journaliste qui exerçait déjà ses talents sur la chaîne câblée iTV. Ça n'est donc même pas une première!

Dans ce domaine, notent les gazettes, la France est en retard sur d'autres pays. Et de citer la Grande-Bretagne, les États-Unis, qui ont choisi de mettre des journalistes noirs en vedette. C'est sans doute la réalité. Mais ce n'est pas là l'essentiel du problème.

Car, même si la France est dans le peloton de queue, ce n'est pas seulement à ce qui existe dans les médias que l'on mesure les progrès en la matière. Ce n'est pas au quota de journalistes «issus de l'immigration», selon la formule consacrée, figurant dans les grandes rédactions à des postes en vue, qu'on peut juger du degré d'évolution d'une société. Un journaliste de couleur par-ci, un ministre beur par-là, quelques femmes ministres un temps? Tout cela n'empêche pas que, lorsqu'on circule en banlieue, on a plus de chances (si on ose dire) de se faire contrôler quand on est basané, on a plus de mal à trouver un emploi, ou, quand on est une femme, on a plus de peine à trouver un travail avec un salaire équivalent à celui d'un homme, à poste ou à travail équivalant. Cette réalité-là n'est pas effacée par des choix symboliques, ou... médiatiques.

C'est le résultat de toute une histoire. Sans doute. Et la discrimination qui subsiste en France dans les mentalités n'est pas sans rapport avec le passé colonialiste de la France, tout comme celle qui marque encore bien des esprits aux États-Unis est liée au passé esclavagiste de ce pays, où l'esclavage a officiellement existé dans nombre d'États jusqu'en 1865, et la ségrégation raciale bien plus longtemps encore. Mais si cette situation se prolonge, c'est que cette société est fondamentalement inégalitaire, fondée sur la discrimination, en premier lieu sur la discrimination sociale, et que son fonctionnement alimente en permanence toutes les autres discriminations.

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