- Accueil
- Lutte ouvrière n°1981
- Le PS et ses partenaires : L’union est un combat... pour des sièges
Leur société
Le PS et ses partenaires : L’union est un combat... pour des sièges
La perspective de l'élection présidentielle excite, comme à chaque fois, les rivalités au sein des états-majors des grandes formations politiques. Celle de 2007 ne déroge pas à cette règle.
C'est le cas à droite, au sein de l'UMP, comme au sein du PS, de manière moins feutrée. Il faut dire que la guéguerre entre ses multiples prétendants à la candidature contribue amplement à alimenter les rubriques des échotiers.
Rien que ces derniers jours, le Journal du Dimanche a sorti du placard Michel Rocard, pour lui faire dire pis que pendre de ses camarades et néanmoins ennemis du PS et, par la même occasion, tout le mal qu'il pensait du projet de programme électoral de ce parti, récemment voté par les militants. On se demande d'ailleurs qui, parmi les présidentiables du PS, s'en réclame encore. Entre autres perfidies à l'égard de ses collègues du PS, l'ex-rival de Mitterrand a utilisé cette image: «Comment confier un trente-tonnes bourré d'explosifs à des gens qui n'ont jamais conduit de camion?» On ne sait pas qui Rocard imagine comme futur conducteur socialiste au volant du char de l'État, s'il vise Ségolène, François, Jack ou Laurent, mais rassurons-le: ils sauront, si par aventure ils accèdent aux responsabilités, fort bien rouler et écraser les travailleurs, comme avait su le faire Rocard, du temps où il occupait la charge de Premier ministre de Mitterrand.
Dans la même semaine, les instances du PS ont dû se consacrer à la gestion des rapports avec ses partenaires. Et cette tâche n'est guère moins rude que celle qui consiste à régenter les rapports entre candidats du PS. La formation de Chevènement menace en effet de présenter son candidat. Le Parti Radical de Gauche (PRG), aussi. Christiane Taubira, candidate en 2002 au nom de cette formation, vient d'annoncer qu'elle avait l'intention de recommencer en 2007. Fausses menaces, ou vrai chantage? Une chose est certaine, c'est que si le PRG et les chevènementistes présentaient leur candidat, ce ne serait pas pour défendre des orientations différentes de celles du PS, mais pour montrer qu'ils existent encore, électoralement. Le PS, qui connaît bien son monde, a d'ailleurs indiqué qu'il avait bien reçu le message. Il a averti le PRG que, s'il y avait une candidature de cette formation à l'élection présidentielle, cela remettrait en cause l'accord entre les deux partis, accord qui prévoyait que le PS réserverait 34 circonscriptions (dont 15 «gagnables») aux radicaux de gauche. Il en a été de même avec les chevènementistes, avec lesquels un accord est en cours de négociation, qui prévoit de leur réserver trois circonscriptions «sûres». Ils sont avertis que cet accord ne vaut que si les chevènementistes ne font pas d'ombre au PS à la présidentielle.
Les électeurs sont eux aussi prévenus. Ces politiciens expliquent que les électeurs doivent absolument voter pour eux, s'ils veulent voir leur sort changer. Mais les maquignonnages qui se pratiquent ouvertement ont un mérite: celui de montrer que le seul avenir dont ils se préoccupent, c'est le leur. Ils marchandent leur soutien, ou menacent de le retirer, comme de vulgaires chefs de guerre qui se disputent un même butin. Rien de plus.