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Tribune de la minorité
La sale guerre d’Israël
Après Gaza et les territoires palestiniens un déluge de bombes s'abat en ce moment même au Liban. Les infrastructures de transport, les bâtiments publics et comme toujours la population sont pris pour cibles par l'armée israélienne. Les habitants du sud Liban, particulièrement touché par les bombes, tentent de fuir tant bien que mal: les routes, les aéroports ainsi que les ports saccagés, les stations d'essence incendiées, reste la marche à pied, en espérant avoir plus de chance que les dix huit civils -dont onze enfants - brûlés vifs en fuyant leur village dans la région de Tyr.
La situation apocalyptique que vit le Liban, a bien peu ému les gouvernements du G8 réunis à Saint-Pétersbourg. Les États-Unis et le Canada soutiennent à leur habitude Israël, l'Europe et à la Russie déplorent la «réaction disproportionnée» de l'État hébreu, faisant écho au discours de Chirac du 14 juillet qui a estimé que «tout le monde est responsable». Un partout, balle au centre? À les entendre, on croirait que l'enlèvement de trois soldats d'une armée d'occupation justifierait la terreur exercée par un État contre les peuples qui l'entourent et qu'il opprime, bombarde régulièrement et envahit non moins régulièrement depuis des décennies.
Certes le 12 juillet deux soldats israéliens campés à la frontière libanaise ont été enlevés par des miliciens du Hezbollah. Mais depuis bien plus longtemps 9400 prisonniers arabes (dont 126 femmes et 300 mineurs) croupissent dans les prisons israéliennes. Cela seul juge des mensonges de la propagande israélienne (relayée complaisamment par les médias français) répétant, après le premier ministre Ehoud Olmert, que cet enlèvement était «sans aucune raison et en l'absence de la moindre provocation».
«Sans raison»? Mais ces soldats font bien partie de l'armée israélienne qui, depuis le début de l'année que le Hamas a été élu par les Palestiniens, soumet leurs territoires à un véritable blocus et affame la population (le premier soldat israélien enlevé était justement de ces troupes montant la garde à la frontière de Gaza pour assurer ce blocus). «En l'absence de la moindre provocation»? Mais, sans parler de toutes les années qui ont précédé, son retrait de la bande de Gaza, il y a un an, n'a pas empêché l'armée israélienne de continuer ses interventions, raids aériens, intrusions des chars et prétendus assassinats ciblés de militants palestiniens qui aboutissent surtout en général à celui de civils.
Israël se plaint beaucoup du terrorisme de groupes palestiniens ou libanais. Mais terrorisme contre terrorisme, le sien est beaucoup plus sauvage, déploie une puissance de feu sans commune mesure avec les bombes humaines ou même les derniers missiles qu'a envoyés le Hezbollah sur Israël et a fait bien plus de morts et de destructions que celui de ses adversaires.
En réalité, l'État hébreu ne se soucie pas plus de ses soldats prisonniers que du sort réservé aux peuples palestinien et libanais ou même de celui du peuple israélien (qui subit les tirs de roquettes du Hamas et du Hezbollah). Ils ne font que servir de prétexte à une nouvelle escalade par laquelle Israël (au service des USA, appuyés de fait par tous les gouvernements occidentaux dont la France) cherche à faire tomber le gouvernement palestinien du Hamas, à obliger le gouvernement libanais à rompre avec le Hezbollah et peut-être même à déclencher une guerre au Moyen-Orient qui pourrait viser la Syrie et l'Iran.
Si le Hamas est aujourd'hui au gouvernement, c'est le résultat de l'exaspération et de la rage provoquées par des dizaines d'années d'humiliations et de misère imposées par l'occupation israélienne. Faire cesser celle-ci, imposer la reconnaissance des droits des Palestiniens, y compris à avoir leur propre État, est le premier pas indispensable pour faire cesser le terrorisme au Moyen-Orient.
La guerre barbare menée aux populations libanaises et palestiniennes par l'État israélien est au contraire le terreau sur lequel se lèveront les kamikazes de demain dont la population israélienne sera la première à faire les frais. Il en va de l'intérêt même de celle-ci de s'y opposer. Et à nous ici de nous opposer à l'appui ouvert ou hypocrite qu'apportent nos gouvernements à l'État d'Israël.
Éditorial des bulletins d'entreprises "l'Etincelle " publiés par la fraction du 17 juillet 2006