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- Lutte ouvrière n°1981
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La «communauté internationale» et le Proche-Orient : L’Iran et la Syrie chargés de tous les péchés
Dans sa déclaration à propos de l'état de guerre entre Israël d'une part, la population palestinienne et le Liban d'autre part, Chirac a précisé que «le Hamas et le Hezbollah ne pouvaient avoir pris ces initiatives tout à fait seuls», ce qui est une manière diplomatique de désigner l'Iran et la Syrie comme fauteurs de troubles. La déclaration finale du G 8, réunion des huit pays les plus puissants du monde, est allée dans le même sens: «Le Hezbollah et le Hamas, forces extrémistes, de même que ceux qui les soutiennent, ne doivent pas être autorisés à plonger le Proche-Orient dans le chaos.» Bush, lui, ne s'est pas embarrassé de précautions oratoires pour glisser à l'oreille de Blair, Premier ministre britannique, que «les Syriens doivent dire au Hezbollah d'arrêter cette merde».
La presse a repris et développé cette version des choses, soulignant que les «missiles» tirés par le Hezbollah étaient de fabrication syrienne ou iranienne, que le Hezbollah et le Hamas, partis musulmans chiites, avaient des liens avec ces deux pays et que, finalement, Syrie et Iran avaient des visées sur la région tout entière. Bref, Israël ne ferait que se défendre contre un ennemi bien armé et soutenu par des États puissants et belliqueux.
Pourtant le journal Le Figaro, qu'on ne peut pas soupçonner de défendre le Hezbollah, établit ainsi le rapport réel des forces militaires: Israël aligne 167000 soldats, 3950 chars, 400 avions de combat, 3 corvettes, 3 sous-marins, une centaine d'armes nucléaires; le Hezbollah dispose de 2 à 3000 combattants, de 10 à 15000 roquettes, dont une centaine auraient une portée de plus de 150 km et qui ne sont pas munies de dispositifs de guidage. Cette disproportion est aussi tristement illustrée par le chiffre des victimes qui se comptent par dizaines en Israël (autant de trop) et par centaines au Liban. Et par celui des destructions, qui sont catastrophiques au Liban, et très limitées en Israël. Au Liban, des centaines de milliers de personne ont dû quitter leurs villages et leurs maisons et sont sur les routes, à la merci des avions et de l'artillerie d'Israël. Pour ne pas parler des destructions, des bombardements et des exactions en tout genre qui continuent dans la bande de Gaza. Ce territoire était déjà une prison à ciel ouvert, il est en train de devenir un champ de ruines.
Quant au reproche fait au Hezbollah d'être soutenu par des puissances étrangères, il est sans doute fondé... mais il est risible venant de la part des représentants des impérialismes américain, français et britannique qui interviennent directement ou indirectement dans cette région depuis toujours. De plus, les gouvernements américain, français et britannique soutiennent financièrement, militairement et diplomatiquement Israël puisque cet État a choisi d'être le gardien de l'ordre impérialiste au Proche-Orient.
Ces déclarations de Bush, Chirac et autres sont bien sûr enrobées d'appels à la modération. Mais le chef d'état-major israélien sait à quoi s'en tenir: «Le degré des pressions internationales sur Israël nous permettra encore de continuer au moins une semaine.» Voilà un militaire qui manie aussi bien l'euphémisme que le mortier.