La loi Sarkozy sur l'immigration votée fin juin comporte un article instituant la création de «comptes épargne co-développement» par les banques.

Le nombre des migrants venant des pays pauvres vers les pays riches ne cesse de s'accroître. Globalement, ces travailleurs envoient des sommes d'argent de plus en plus importantes à leurs familles restées au pays. Le FMI estime aujourd'hui ces transferts à 200 milliards de dollars (trois fois l'aide publique internationale au développement des pays pauvres!). Par exemple, les 100000 Maliens travaillant en France envoient, chaque année, 80 millions d'euros pour permettre à leurs familles de survivre. Les banques internationales rivalisent pour s'accaparer le transfert de ces capitaux, pratiquant des taux juteux de commission variant entre 5 et 20%.

La création de ces «comptes épargne co-développement» vise essentiellement à aider les banques françaises à mettre la main sur une partie de ces capitaux. Sur ce nouveau compte d'épargne, le travailleur immigré déposera année après année ses économies. Pour l'y inciter, le gouvernement procédera à une réduction d'impôt sur son revenu de 25% des sommes épargnées. Mais à la condition que ces économies soient débloquées en vue d'un investissement productif de développement dans le pays d'origine de l'immigré.

Actuellement, les sommes envoyées par les travailleurs immigrés à leurs familles servent à satisfaire leurs besoins vitaux en matière d'alimentation, de santé et d'éducation. Ce que des experts financiers osent qualifier de gaspillage, alors que d'après eux et d'après le gouvernement ces comptes d'épargne devraient, plutôt, encourager les immigrés à créer une entreprise dans leur pays! Et que leurs familles se débrouillent comme elles peuvent en attendant!

Et cette mesure permet aux Sarkozy et autres ministres démagogues de se féliciter, sans pudeur, sur les dispositifs innovants en matière d'aide au développement que la France prendrait généreusement en faveur des pays du Sud! Ils ne manquent pas de culot.