USA - Corée du Nord : La loi du plus fort12/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1980.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

USA - Corée du Nord : La loi du plus fort

La Corée du Nord a procédé le 5 juillet aux tirs d'essais de six missiles balistiques en mer du Japon et on se croirait à la veille d'une guerre. Pour Bush, ces tirs représentent «un défi au monde», l'ONU se réunit pour envisager des sanctions. Le Japon s'estime directement menacé et annonce qu'il se réserve le droit, en dépit de sa Constitution pacifiste, d'attaquer la Corée du Nord. Tous les alliés des USA -dont la France en la personne de la ministre de la Défense Alliot-Marie- condamnent les tirs et mettent la Corée du Nord au ban de ce qu'ils appellent la communauté internationale.

Et pourtant -les dirigeants américains le reconnaissent eux-mêmes- la menace militaire coréenne est inexistante, pour ne pas dire dérisoire. Ces six missiles sont des versions à peine améliorées des vieux missiles Scud soviétiques tout juste capables d'atteindre l'Alaska ou les îles Hawaï. Si même ils les atteignent, car l'un d'eux a explosé en vol après 40 secondes...

En fait, cette «crise» représente une nouvelle étape dans la confrontation entre les USA et la Corée du Nord au sujet de la «bombe nucléaire nord-coréenne». En 2003, la Corée du Nord avait annoncé son retrait du traité de non-prolifération nucléaire, qui accorde aux grandes puissances -et à elles seules- le droit de disposer de la «bombe». Le pays s'était alors attiré les foudres de Bush qui, moins d'un an avant, l'avait classé, avec l'Iran et l'Irak, dans la liste des États voyous qui constituaient un «axe du mal» pour reprendre la phraséologie religieuse à la mode à Washington depuis l'élection de Bush.

La Corée du Nord est certes une dictature, et un pays dans lequel la plus grande partie de la population vit dans la misère. Mais rendre le seul régime nord-coréen responsable de ces difficultés, comme le font les medias occidentaux, c'est oublier les responsabilités de l'embargo américain. Et c'est cette Corée du Nord, qui arrive à peine à nourrir sa population ou à lui fournir de l'électricité, que Bush fait passer pour une menace nucléaire pour le reste de la planète!

En fait, le problème de l'impérialisme américain n'est pas tant la menace militaire que représenterait la Corée du Nord, que de faire savoir à tous les pays soupçonnés de velléités d'indépendance à leur égard que les USA sont les gendarmes du monde, qu'ils entendent bien le rester et qu'ils en ont les moyens. Leur problème est aussi de justifier auprès de la population américaine les 50 milliards de dollars (pourtantune goutte d'eau dans le colossal budget militaire US) dépensés pour les 100000 GIs stationnés au Japon et en Corée du Sud, soi-disant pour contrer une menace importante dans la région. La Chine du «miracle économique» ne pouvant plus jouer ce rôle d'épouvantail, ce rôle revient donc à la Corée du Nord pour le grand plus grand profit des industriels de l'armement et pour le plus grand malheur de la population nord-coréenne.

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