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Leur société
Quand l’industrie pharmaceutique pleure la bouche pleine
À en croire le président du syndicat patronal de l'industrie pharmaceutique, cette industrie ne serait plus ce qu'elle était. Elle entrerait dans un «cycle de régression» et son taux de croissance frôlerait la «chute historique».
Les ventes de médicaments en France, dans les pharmacies et à l'hôpital, ont atteint plus de 25 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires a pratiquement doublé dans les dix dernières années. Pour la seule année 2005, il a progressé de près de 5%... Oui mais, pour les six premiers mois de l'année 2006, la progression n'a été que de 1%... Et le représentant des patrons de l'industrie pharmaceutique de se lamenter sur la régression que risqueraient de subir les Sanofi-Aventis, Pfizer, Novartis et autres laboratoires dont les taux de profit sont pourtant parmi les plus élevés, et de menacer, à mots couverts, d'être contraint de diminuer les budgets de recherche et, bien-sûr, les emplois.
C'est que l'heure est à la préparation des budgets et notamment à la discussion du plan de financement de la Sécurité sociale. Alors, par la voix de leur représentant, les industriels de la pharmacie s'adressent au gouvernement: «Tous les ans à partir de juillet, on se demande ce qui va nous arriver» et de prier les pouvoirs publics «de ne rien ajouter.»
D'année en année, les plans mis en place par les gouvernements successifs pour prétendument combler le trou de la Sécurité sociale se sont traduits par la diminution du taux de remboursement de centaines de médicaments et par le total déremboursement de centaines d'autres. C'est au point que pour ceux qui ne bénéficient pas de mutuelles complémentaires, il devient de plus en plus difficile de se soigner, voire impossible, faute de pouvoir sortir de sa poche la partie non remboursée des soins.
L'industrie pharmaceutique, elle, n'a pas vu son chiffre d'affaires baisser. Tout juste son taux de croissance risque-t-il de ne plus progresser aussi rapidement qu'avant. N'empêche, elle se lamente, menace, et a toutes les chances d'être entendue par ces pouvoirs publics bien plus soucieux de ses profits que de la santé publique.