Marie-George Buffet12/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1980.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marie-George Buffet

Une déclaration peu engageante

Dans une longue déclaration, publiée dans L'Humanité du 11 juillet, intitulée «à quoi je m'engage», Marie-George Buffet explique, une fois de plus, à quelles conditions elle envisage d'être candidate à la candidature unitaire à la gauche du PS. Elle est «disponible», dit-elle, «pour porter à l'élection présidentielle notre projet commun» (ce «notre» concerne ceux qui, à ses yeux, s'impliquent dans «l'élaboration d'un programme en rupture avec la politique libérale»).

On aurait pu s'attendre à ce qu'elle précise quelles seraient les conditions qui justifieraient le ralliement de la direction du PCF à une candidature du PS. Pas du tout! Après avoir évoqué en long et en large toutes les raisons de la méfiance des milieux populaires à l'égard d'un remake de l'Union de la gauche («Beaucoup s'interrogent sur les choix politiques qui devraient être mis en oeuvre pour que leur vie change vraiment, car ils n'ont pas oublié les renoncements de la Gauche plurielle,» etc.), la secrétaire du PCF ne donne aucune réponse qui pourrait lever cette méfiance. Et pourtant, on serait en droit d'attendre d'un parti qui se prétend au service du monde du travail autre chose que cette succession de généralités, de voeux pieux, qui constituent l'essentiel de cette déclaration.

N'était-ce pas l' occasion pour le PCF de signifier au PS et à ses multiples candidats, et du même coup à la population laborieuse, ce qu'aurait pu être un véritable programme de gauche, et de rappeler les moyens de l'imposer?

Au lieu de cela, Marie-George Buffet déclare en préalable «qu'il faut être clair sur le désistement à gauche au second tour pour battre la droite». Mais n'est-ce pas dire à l'avance que, quel que soit le candidat ou la candidate du PS, quels que soient ou pas ses engagements, le PCF appellera à voter pour lui au second tour, et le cautionner par avance? N'est-ce pas justement reproduire ce qui a abouti à ce que la secrétaire du PCF appelle pudiquement «les renoncements de la Gauche plurielle»?

Marie-George Buffet réaffirme qu'il n'est pas question pour le PCF de participer «à un gouvernement dominé par le social-libéralisme» La suite nous dira ce qu'il en sera. Même si le PCF refusait de participer à un gouvernement, cela ne changerait pas grand-chose à la situation. Car il ne dit pas s'il le soutiendrait sans participation, ce qui s'est déjà vu, ou s'il irait jusqu'à combattre la politique de ce gouvernement au cas, loin d'être improbable, où celui-ci prendrait des mesures antipopulaires.

Mais il n'est pas tout à fait exact de dire que Marie-George Buffet n'exprime aucune exigence à l'égard du PS. Elle demande que son ralliement unilatéral pour la présidentielle ait une contre-partie aux élections législatives. Il ne faut pas, dit-elle, «dissocier l'élection présidentielle des élections législatives qui les suivront de peu» car, poursuit-elle, «c'est par les élections législatives et l'élection d'une majorité que sera décidée la politique à mener» après 2007. Comme si sa capitulation devant le PS à la présidentielle pouvait être corrigée par le scrutin suivant, les législatives? Voilà donc, noir sur blanc, à quoi se limitent les exigences du PCF: nous soutenons le candidat de «gauche» (du PS) au second tour de la présidentielle et vous nous renvoyez l'ascenseur aux élections législatives. Tout cela se réduit donc à un marchandage électoral qui, quel que soit le cas de figure, aboutira à ce que les dirigeants du PCF servent de caution au PS. À la présidentielle d'abord, aux élections législatives ensuite.

En fait, et malgré le titre prometteur de sa déclaration, Marie-George Buffet propose de recommencer ce qui a abouti au «renoncement de la gauche parlementaire». Mais comme elle le rappelle elle-même, «beaucoup n'ont pas oublié».

Partager