Éducation nationale12/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1980.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation nationale

Quand les ministres rient... tout seuls

De Robien a annoncé les résultats du baccalauréat à l'écrit, sourire aux lèvres: n'y avait-il pas 73,9% de reçus du premier coup au baccalauréat général, soit 5,1% de plus qu'en 2005? Et après l'oral le taux de réussite frôle les 87%.

Face aux grincheux qui comparaient ces résultats à ceux du baccalauréat de 1968 (81% de reçus), de Robien a même défendu les lycéens: «Ces bons résultats sont dus au savoir», ajoutant, en parlant du mouvement anti-CPE qui l'avait beaucoup moins fait rire au printemps: «Dans la majorité des lycées, le travail s'est poursuivi malgré les troubles, surtout en terminale, et les élèves qui ont participé aux manifestations ont aussi participé massivement aux séances de rattrapage.» Le même de Robien n'avait à l'époque pas de mots assez durs pour reprocher aux milliers de lycéens et d'étudiants, qui ont défilé pendant des semaines pour dire non à la précarité, de bloquer les cours, de prendre les élèves non-grévistes en otage et d'empêcher le déroulement normal des examens.

Oublié tout cela et de Robien voit maintenant la vie -ou plutôt l'Éducation nationale- en rose. D'après lui, elle «fonctionne mieux qu'il y a un an» et il se félicite «d'une maison où des mesures concrètes passent avant les grandes réformes et les grandes révolutions».

En matière de mesures concrètes justement, l'optimiste de Robien vient d'annoncer que, dans le cadre de la suppression de 15000 postes de fonctionnaires annoncée par Villepin, il y en aurait 8500 à l'Éducation nationale: 3600 postes de professeurs stagiaires en moins dans les écoles et 1800 départs à la retraite non remplacés sous prétexte de la baisse des effectifs en collège et lycée. Cela, effectivement, c'est du concret pour les professeurs et les élèves dont les conditions d'enseignement et de cours seront encore plus dégradées, d'autant que cela fait des années que le gouvernement supprime des milliers de postes à l'Éducation nationale. À la rentrée 2005 il y avait eu 6000 enseignants en moins dans les écoles, collèges et lycées. Quant aux 62000 emplois-jeunes supprimés depuis 2003, ils n'ont pas été remplacés, malgré les 45000 «emplois vie scolaire» créés à la rentrée 2005.

Ces coupes claires dans le personnel enseignant ne touchent pas que l'enseignement primaire et secondaire. Ainsi dans les facultés les présidents d'université ont dénoncé dans une lettre ouverte les promesses non tenues de Chirac. À la suite du mouvement de contestation des chercheurs, celui-ci avait promis en août 2005 six milliards d'euros sur trois ans, 3000 postes supplémentaires en 2006 et autant en 2007. Mais le projet de budget pour 2007 annonce royalement... 1500 postes. Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, s'essaye à sourire comme de Robien, en déclarant qu'il n'a pas à se plaindre, puisqu'on ne lui demande pas d'appliquer le non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux...

De Robien, Goulard, deux ministres heureux et souriants, pour qui tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais manifestement professeurs, étudiants et lycéens ne vivent pas dans le même.

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