Contre les expulsions, la mobilisation doit se poursuivre!12/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1980.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Contre les expulsions, la mobilisation doit se poursuivre!

Pour la première fois depuis la fin de l'année scolaire, un jeune lycéen sans papiers de 19 ans, Abdallah Boujraf, a été expulsé vers le Maroc vendredi 7 juillet. On voit ce que valent les assurances du prétendu «médiateur» nommé par Sarkozy, Arno Klarsfeld, qui avait déclaré qu'il n'y aurait aucune expulsion avant le 13 août....

Pour justifier cette expulsion d'un lycéen inscrit en BEP dans un établissement du 19e arrondissement de Paris, présent en France depuis l'âge de 14 ans, et dont le père y séjourne tout à fait régulièrement depuis 1964, la préfecture de police de Paris a prétendu que le jeune homme s'en était pris à un SDF, ce qu'il nie. Elle a ajouté qu'il n'entrait pas dans les critères de régularisation définis par la circulaire Sarkozy du 13 juin puisque celle-ci ne concernait que les jeunes arrivés en France avant l'âge de 13 ans!

Rappelons que cette circulaire visait d'abord à donner instruction aux préfets de reprendre les procédures d'expulsion des familles de sans-papiers ayant des enfants scolarisés. En effet, depuis octobre 2005, à la suite de plusieurs mobilisations, ces procédures avaient été suspendues jusqu'à la fin de l'année scolaire. Mais avec l'approche de cette échéance, de nombreux enseignants, des parents d'élèves dans des écoles où se trouvaient des enfants risquant l'expulsion ou des voisins de ces familles se sont mobilisés pour s'opposer à ces expulsions.

Devant ces mouvements de solidarité, tout en annonçant la reprise des expulsions à la fin du mois de juin, Sarkozy avait dû accepter d'envisager, à titre exceptionnel, la régularisation de certaines de ces familles, suivant des critères définis dans cette même circulaire datant du 13 juin.

Certains de ces critères sont précis (deux ans de résidence en France pour l'un des parents, scolarisation d'un des enfants depuis septembre 2005, enfant né en France ou arrivé avant l'âge de 13 ans), d'autres le sont nettement moins, comme «l'absence de liens de l'enfant avec son pays d'origine»... Permettant des interprétations très diverses et plus ou moins restrictives suivant les préfectures.

Mais ces possibilités, aussi limitées soient-elles, ont suscité un espoir parmi des milliers de sans-papiers, qui se pressent aujourd'hui devant les préfectures et les centres de réception des étrangers pour déposer un dossier avant la date butoir du 13 août.

Après que le directeur de la police générale de la préfecture de police de Paris, Yannick Blanc, eut déclaré, dans une interview au Monde, que ses services allaient «régulariser plusieurs milliers de familles», Sarkozy, soucieux de complaire à l'électorat d'extrême droite, a tenu à réaffirmer qu'il n'y aurait pas de régularisation massive, que seules quelques centaines de familles seraient concernées.

Après l'expulsion du jeune Abdallah Boujraf, le Réseau éducation sans frontières (RESF) a dénoncé le début d'une «chasse aux jeunes majeurs», citant le cas d'une autre lycéenne de 19 ans, d'origine malienne, retenue au centre de rétention de Strasbourg.

En réalité, le sort des sans-papiers ne dépend pas de critères fixés plus ou moins par une circulaire. Seule la poursuite de la mobilisation, celle des sans-papiers eux-mêmes comme celle de tous ceux qu'écoeure la politique en ce domaine des Chirac, Villepin, Sarkozy et autres Douste-Blazy, pourra empêcher les expulsions que Sarkozy entend organiser d'ici à la fin de l'été et faire reculer le gouvernement en l'obligeant à régulariser tous les sans-papiers qui en ont fait la demande.

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