Visteon - Rougegoutte (Territoire de Belfort) : - pour les salaires,contre les suppressions de postes07/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1979.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Visteon - Rougegoutte (Territoire de Belfort) : - pour les salaires,contre les suppressions de postes

L'équipementier automobile Visteon possède plus de 170 usines réparties dans 24 pays dans le monde et où travaillent 50000 salariés. L'usine Visteon de Rougegoutte est située près de Belfort, en Franche-Comté et compte 470 salariés. L'usine est divisée en deux bâtiments distants d'un kilomètre l'un de l'autre et fournit à l'usine Peugeot de Mulhouse les planches de bord de la Citroën C4 et à Mercedes-Benz celles d'un camion.

Le patron cache les profits et parle de pertes

En juin 2006, le directeur du site de Rougegoutte déclarait dans la presse locale: «La situation est grave, Visteon France perd de l'argent!» Ces déclarations faisaient suite à l'annonce de 124 suppressions de postes à l'usine. Un courrier avait été adressé à l'ensemble des salariés avec la fiche de paie d'avril 2006, où la direction évoquait des pertes cumulées de 48,9 millions d'euros entre 2003 et 2005 et l'impossibilité d'augmenter les salaires dans un tel contexte. La presse avait relayé les jérémiades des patrons du secteur automobile alors que cette industrie n'a jamais fait autant de profits! La multinationale Visteon ne fait pas exception et affiche 3 millions de dollars de gains au premier trimestre! Quant au PDG du groupe, son objectif est d'augmenter encore les bénéfices. Il prévoit entre 45 et 75 millions de dollars pour cette année.

Les ouvriers décident la grève

Les ouvriers de l'usine de Rougegoutte en ont plus qu'assez de devoir vivre avec un salaire proche du smic. Le refus du patron de les augmenter, ajouté à l'incertitude qu'il entretient sur les emplois, a provoqué un véritable coup de colère.

Le 27 juin, à l'appel de la CFDT, 150 ouvriers des deux bâtiments de l'usine et des trois équipes de production ont décidé de se mettre en grève. Ils réclament 50 euros d'augmentation de salaire et des précisions concernant leur emploi. La production de l'usine est paralysée. Le blocage des camions a pour effet de rompre «le flux tendu» de l'usine de Peugeot Mulhouse, qui ne reçoit plus aucune planche de bord pour la C4!

Des ouvrières grévistes disent que, pour la première fois depuis longtemps, elles viennent à l'usine avec plaisir car elles ne sont plus confrontées aux cadences de la production. Un représentant de la direction de Peugeot Mulhouse envoyé sur place a fait l'expérience de la colère des ouvrières, qui lui ont martelé aux oreilles qu'il y en a assez de cette logique qui ne prend pas en compte l'emploi des salariés!

Le patron de l'usine a tenté avec son encadrement un coup de force contre les grévistes. Il a organisé un cortège visant à provoquer l'affrontement des non-grévistes avec les piquets de grève. Sa tentative a échoué.

Après trois jours de grève, la direction de l'usine, voulant en finir, a proposé à la CFDT un projet de protocole de fin de grève qui prévoit la suppression d'une pause de 10 minutes avec une prime de 30 euros brut par mois pour toute compensation.

La CFDT a multiplié les votes auprès d'une minorité de grévistes pour obtenir la reprise du travail, alors que l'ensemble avait voté la poursuite de la grève. La grève aura duré trois jours. Et même s'ils ont repris le travail, les ouvriers ne veulent pas travailler 10 minutes de plus par jour et pour eux, rien n'est réglé.

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