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Dans les entreprises
Toyota - Valenciennes - l'écrou de la pagaille
Dans les usines automobiles comme Toyota, la production est calculée pour se faire au coût minimal. Autant dire que la direction nous demande d'en faire toujours plus et toujours plus vite. Mais cette fois, tout ce beau système est tombé sur un os... ou plutôt sur un écrou.
Petit historique de l'affaire: se conformant à une nouvelle norme, Toyota a dû remplacer les écrous chromés du système de freinage par des écrous sans chrome. Seulement, dans sa hâte à vouloir produire au maximum, la direction de l'usine en France a cru pouvoir se passer de vérifications sérieuses. Et alors que les premiers modèles sortaient de l'usine, on s'apercevait que le nouvel écrou du système de freinage se desserrait. Pas de stock évidemment, il a donc fallu rappeler du Japon des écrous de l'ancien modèle. Pendant deux jours, la direction a même fermé l'usine tandis que de milliers de voitures s'entassaient déjà sur les parkings et les pelouses en attente... d'un écrou!
Depuis la reprise du travail, la pagaille continue: des sous-traitants ont continué de livrer des pièces pendant l'arrêt de l'usine, ces pièces s'entassent là où il reste de la place. Toyota a même dû se faire «prêter» des entrepôts par ses concurrents Peugeot-Fiat qui ont une usine à une vingtaine de kilomètres de là. Au beau milieu de cette pagaille, des pièces se perdent et plusieurs fois la direction a dû faire arrêter les lignes.
Usine fermée, chaînes arrêtées, on pourrait se dire qu'après tout cette situation nous permet de souffler. Même pas en fait, car la direction veut nous faire payer les pots cassés de ses propres choix. D'abord, elle a voulu réduire à zéro euro la part de la prime d'intéressement sur les deux semaines où la production a été la plus chaotique. Et puis, elle a voulu rattraper les retards sur son programme de production. Elle a ainsi convoqué les équipes de jour à venir travailler deux samedis tandis que l'équipe de nuit doit venir travailler trois dimanches soir. On se retrouve donc avec des semaines de 6 jours et de 45-48 heures de travail! Dans les ateliers, nous étions donc nombreux à discuter assez ouvertement de notre mécontentement. Sur une ligne, des collègues s'étaient concertés pour discuter de la grève. La direction, ayant dû sentir que l'ambiance changeait, a préféré lâcher un peu de lest, tout au moins sur le paiement de ces journées de travail supplémentaire qu'elle va majorer à 25% et sur la prime d'intéressement qu'elle abondera tout de même de 40 euros.
Avec ce problème d'écrou, le système Toyota a eu des à-coups mais c'est nous qui subissons au quotidien ce système qui veut toujours tirer plus de jus de notre travail. Et là, un sacré coup de frein s'impose.