SNCF : Gallois s'en va,Idrac revient07/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1979.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Gallois s'en va,Idrac revient

Gallois vient d'être nommé à la tête d'EADS à la place de Forgeard. Les commentateurs ne tarissent pas d'éloges vis-à-vis de ce PDG qui vient de passer dix ans à la SNCF. La plupart des dirigeants syndicaux le regrettent aussi, «le meilleur président que la SNCF ait jamais eu», disent certains. Il est vrai qu'il est un des rares PDG de gauche (chevènementiste) même s'il fut nommé par Juppé, son condisciple à l'ENA, en juillet 1996, juste après les grèves de novembre/décembre 1995, en remplacement de Le Floch-Prigent envoyé en prison à cette période.

Pourtant, les cheminots, eux, ne risque pas de regretter Gallois qui, pour soi-disant résorber la dette de la SNCF, a continué la politique de baisse des effectifs. Sous l'autorité de Pons, ministre de droite, puis de Gayssot, ministre PCF, c'est lui qui a mis en place le démantèlement du ferroviaire, créé RFF, société écran propriétaire des voies et de l'endettement. Gallois a ensuite découpé la SNCF en secteurs d'activité indépendants, chacun d'eux ayant pour mission de dégager une rentabilité financière. Ainsi, des lignes ou des dessertes considérées comme non rentables ont été supprimées ou sont passées à la charge de la collectivité si les Régions le pouvaient. D'autres secteurs comme le Fret ont perdu le gros de leurs activités. Des triages ont été supprimés... avec pour conséquence des milliers de camions supplémentaires sur les routes.

Il y eut ensuite l'application des 35 heures, une opération essentiellement financée par une hausse de la productivité, puisque malgré une réduction en théorie du temps de travail, le nombre des cheminots n'a cessé de baisser. Plus récemment, sous le prétexte d'évolution technique (internet ou machine à vendre), les guichetiers sont progressivement supprimés et les queues s'allongent dans les gares. Durant les trois dernières années, 14000 emplois ont été supprimés à la SNCF par le non remplacement des départs en retraite. Parmi les bons résultats de Gallois, pour lesquels certains patrons sont admiratifs, il faut citer l'acceptation par certains dirigeants syndicaux d'un accord de prévention des conflits, en fait une étape supplémentaire dans la restriction du droit de grève.

Tout au long de sa carrière SNCF, Gallois n'a cessé d'évoquer la dette pour justifier sa politique et sa grande fierté, fin 2005, a été d'avoir réalisé 1,3 milliard de bénéfices, c'est-à-dire 830 millions sur le dos des cheminots et le reste représentant la vente du patrimoine.

Gallois a été remplacé par Anne-Marie Idrac qui, elle, est à l'UDF mais qui se prépare à continuer la même politique. Ce n'est pas une inconnue pour les cheminots puisqu'elle était secrétaire d'État aux Transports pendant la grève de 1995. C'est à ce titre qu'elle a participé aux négociations durant le conflit et a dû reculer, avec Juppé, face aux cheminots en grève. Eh bien, que ça recommence! C'est tout le mal qu'on peut lui souhaiter!

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