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- Lutte ouvrière n°1979
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PCF : Buffet «n'a rien à négocier avec le PS»... mais s'y rallie
On ne peut pas dire que Marie-George Buffet ignore véritablement ce que le PS se prépare à faire si, à l'issue de la présidentielle, un de ses candidats était élu à l'Elysée et si une réédition de la gauche plurielle obtenait la majorité aux élections législatives qui suivront peu après.
Interrogée dans Le Monde du 30 juin sur le projet de programme du PS, elle répond: «Je vois dans six mois un gouvernement élu avec le programme du PS qui expliquera qu'il faut réduire les dépenses à cause du pacte de stabilité». Bien vu et même bien prévu. Il faut dire que la secrétaire nationale du PCF n'a pas besoin d'une boule de cristal pour prévoir cet avenir. L'attitude passée des gouvernements du PS auquel elle ou des membres de son parti ont participé, aide à le prévoir.
La dirigeante du PCF fait d'ailleurs référence à ces expériences. «Trois fois nous (la gauche) avons été au pouvoir. Et à chaque fois la droite est revenue au pouvoir plus arrogante pour développer ses réformes». Mais quelle leçon a-t-elle tirée de cette lucidité à retardement? Trois échecs, ce n'est quand même pas rien! Quand on est trompé une fois, on peut dire que c'est par manque d'expérience (encore que le PCF qui n'est pas né de la dernière pluie ne devrait pas en manquer). Mais comment qualifier ceux qui se font tromper deux, trois fois, dans les mêmes conditions. Et comment faire pour éviter la quatrième? Les réponses que donne la direction du PCF ne sont guère rassurantes à cet égard.
Marie-George Buffet explique: «Je veux que notre peuple se mêle au débat de la présidentielle et donne son avis comme lors du référendum de 2005 et ne soit pas réduit à choisir entre un candidat pour la droite, Sarkozy, et un pour la gauche, Ségolène Royal». Mais encore? Dans le cadre institutionnel de l'élection présidentielle, ni le PCF ni d'autres ne sont véritablement maîtres du choix des candidats qui s'affronteront au second tour. Et encore moins sur le choix du candidat qui portera les couleurs du PS dans cette élection. D'ailleurs si c'était un Fabius ou un Jospin, qu'est-ce que cela changerait pour l'avenir de la population laborieuse?
Et quand on lui demande si, au bout du compte, le PCF ne finira pas par rallier le PS pour sauvegarder son groupe parlementaire, M.G. Buffet répond qu'elle n'a «rien à négocier avec les socialistes». «Il n'y a (avec eux) aucune tractation», dit-elle. Il est possible, ne serait-ce que du fait des socialistes eux-mêmes, qu'il n'y ait actuellement aucune tractation. Mais n'y en aura-t-il pas d'ici 2007, c'est moins sûr. Encore que l'essentiel n'est pas là. La secrétaire du PCF conclut son interview, en s'exclamant: «J'attend qu'on me réponde sur ce qu'on fait au deuxième tour: c'est quand même important de savoir si on veut battre ou pas Sarkozy!». Comme si c'était là tout le problème? N'est-il pas bien plus important d'expliquer clairement, et dès aujourd'hui, sur quelles perspectives, sur quels objectifs, sur quelles revendications la classe ouvrière et ceux qui militent en son sein ou à ses côtés doivent se retrouver pour que l'on ne puisse pas dire, piteusement, ensuite «qu'encore une fois on a déçu»?