Le retour de Jospin : Recours en vue07/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1979.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le retour de Jospin : Recours en vue

Jospin avait déclaré se retirer de la vie politique au soir du premier tour des élections présidentielles de 2002. Mais c'était une sortie comme en font ces comédiens qui n'en finissent pas de multiplier leurs séances d'adieu. En fait, et on pouvait s'en douter, il se mettait «en réserve». Il rappelait d'ailleurs régulièrement son existence par quelque déclaration ou des séances de signature d'un livre opportunément paru. Cette fois, à moins d'un an de la présidentielle, mais surtout à quelques mois de l'investiture au sein du Parti Socialiste, Jospin vient de mettre le pied sur l'accélérateur en opérant un coup médiatique de plus, sous forme d'une longue tribune libre parue dans Le Monde, suivie d'une interview lors d'un journal de 20 heures de TF1.

Bien sûr, il jure la main sur le coeur que sa priorité n'est pas encore sa propre candidature à la présidentielle, préférant, dit-il, «insister sur les problèmes de fond» et sur les «enjeux» de cette échéance. Rien de bien original. On retrouve dans ses propos des thèmes qui en deviennent banals à force d'être ressassés. Il faut, dit-il, «instaurer à la base un juste partage des fruits de l'activité économique et de la richesse nationale». Il faut «revoir le rapport entre le capital et le travail», ajoute-t-il. Quant à «la restauration de l'autorité de l'État et le respect de la loi», un des axes principaux de la politique dont lui aussi se réclame, pour cela, il faut aussi «que les riches et les puissants (soient) contenus dans leurs privilèges et rappelés à leurs obligations par une politique équitable». Bref, un discours à l'unisson de ceux que l'on trouve dans la bouche des dirigeants de la gauche et... de la droite.

Mais si Jospin insiste en parole sur ces enjeux, majeurs selon lui, sa principale préoccupation est ailleurs. Pour que la gauche ait une chance de l'emporter, il faut qu'elle n'aille pas en ordre dispersé et que le PS sache surmonter ses divisions. Il faut donc «rassembler la gauche». Jospin a un bonus en ce domaine, en tant qu'ancien chef de feu la gauche plurielle et dernier partant (pour l'instant) dans la course à l'Elysée. Chacun l'aura compris, pour Jospin, même s'il ne le dit pas, l'homme de la situation n'est autre que Jospin lui-même qui, en réserve, a attendu son heure.

Le voilà dorénavant prêt à être le «recours» capable de neutraliser les ambitions multiples au sein du PS, de Ségolène Royale à Fabius, et de Strauss-Kahn à Lang.

Dans ce jeu-là, les opérations médiatiques, les poses qu'elles permettent de prendre, valent bien davantage que les idées et le programme. Sur ce plan, s'attarder sur ce qui a échoué lors de son passage au pouvoir, sur les raisons de ces échecs, ne pourrait être que du plus mauvais effet. Parlons avenir, dit-il en substance. Sans préciser d'ailleurs lequel il propose. C'est bien commode.

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