Le chômage baisse, pas la pauvreté07/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1979.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le chômage baisse, pas la pauvreté

En mai dernier, il y a eu 48 900 demandeurs d'emploi en moins et au total, sur quatorze mois, cela représenterait une baisse de 261000 chômeurs. «Sur vingt-cinq ans, c'est le troisième meilleur chiffre, à 1500 chômeurs près», s'est félicité Borloo, le ministre de l'Emploi. Pourtant avec 2213000 personnes toujours inscrites à l'ANPE, il n'y a vraiment pas de quoi pavoiser. Et ce chiffre déjà énorme ne rend compte que d'une partie de la réalité. Car bien d'autres chômeurs ne sont pas comptabilisés, par découragement, du fait des radiations, ou encore à cause de la façon dont sont faites les statistiques.

Et puis, que signifie cette baisse du chômage? S'accompagne-t-elle de la baisse de la pauvreté? Sur ce plan le gouvernement ne risque pas de fanfaronner en présentant des courbes descendantes: 4,5 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France, soit 7% des ménages. Le nombre des emplois créés reste très bas, quant aux salaires auxquels ils donnent droit, ils sont la plupart du temps très insuffisants. Ainsi, selon un bilan officiel présenté récemment par Larcher, le ministre du Travail, 32% des branches de la métallurgie et 42% de celles du BTP ont des salaires minima inférieurs au smic. Et que dire de la rémunération perçue par des dizaines de milliers de salariés contraints de ne travailler qu'à temps partiel?

La précarité ne cesse en fait de progresser. L'emploi en intérim a doublé en dix ans, si bien qu'aujourd'hui on peut ne plus être chômeur mais continuer à être plongé dans la pauvreté, avoir un emploi mais vivre sans domicile fixe. Que veut dire «donner un emploi» si cela ne permet pas de vivre et de faire vivre correctement sa famille avec son salaire? Régulièrement, on nous présente la Grande-Bretagne comme un pays modèle où le taux d'emploi est un des plus élevés d'Europe. Mais, pour l'essentiel, les emplois créés sont de «petits boulots» aux salaires tellement peu élevés que c'est dans ce pays que la pauvreté a commencé à s'installer parmi ceux qui ont un travail.

Pour tout un chacun, quand on cherche un travail, c'est pour pouvoir en vivre, mais pour le patronat, l'idéal est que ceux qu'il emploie soient payés presque aussi peu que quand ils se trouvaient au chômage.

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