Congé de soutien familial : Un pas de plus vers le désengagement de l'État07/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1979.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Congé de soutien familial : Un pas de plus vers le désengagement de l'État

Lors d'une conférence sur la famille qui s'est tenue lundi 3 juillet, Villepin a annoncé plusieurs mesures destinées à «encourager les solidarités familiales». La principale consiste en la création d'un «congé de soutien familial» de trois mois, renouvelable pendant un an, pour les personnes obligées d'interrompre leur activité professionnelle afin de s'occuper d'un parent dépendant, à cause de son âge ou d'un handicap.

Cette mesure devrait entrer en vigueur début 2007, après discussion au Parlement, dans le cadre d'un projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale. Pour l'instant donc, il ne s'agit de rien de plus qu'un effet d'annonce, à propos d'une «solidarité» qui ne coûtera guère qu'à celui ou celle qui demandera ce congé. En effet, il n'est pas prévu de rémunération, même si le salarié continue pendant son interruption de travail à acquérir des droits à la retraite.

En principe, l'employeur ne pourra pas refuser ce congé au salarié qui en fait la demande, et il sera tenu de lui redonner son emploi. Reste à savoir ce que le texte donnera au final, s'il ne contient pas, en petit, des clauses restrictives permettant à l'employeur de refuser «dans certaines circonstances»! Et puis, il faudra encore oser faire la démarche, quand on connaît toutes les pressions exercées par les patrons pour que leurs salariés ne s'absentent pas. Déjà, la CGPME, la confédération des petites et moyennes entreprises, a annoncé que ce congé «de trop» risquait de «désorganiser» les petites entreprises!

Un congé «de trop», alors que les travailleurs ayant une personne dépendante dans leur entourage doivent la plupart du temps se débrouiller seules et sont obligées d'interrompre leur activité professionnelle quand la charge devient trop lourde, et que les soins réclament une présence constante. Les mesures prévues par Villepin ne changeront rien à leur situation, faute de places dans des établissements spécialisés capables de prendre en charge les handicaps lourds. Le plan «solidarité grand âge» prévoit la création de 12500 places d'accueil de jour d'ici cinq ans, pour permettre à «l'aidant familial» de continuer à travailler. C'est dérisoire, lorsque l'on sait par exemple que le nombre de personnes atteintes en France de la maladie d'Alzheimer est estimé à plus de 800000, et qu'elles sont prises en charge par les familles dans 70% des cas. Pour leur permettre de se reposer quelques jours, il est aussi prévu la création de quelque 5000 places d'hébergement temporaires.

Le gouvernement appelle ces mesures «le droit au répit». Un répit de quelques jours ou quelques mois, et à la charge du salarié! Toujours sous couvert de «solidarité», l'État se désengage en fait, et de plus en plus, des fonctions de prise en charge des personnes dépendantes qui devraient être les siennes.

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