Ce n'est certes pas par hasard que Sarkozy a choisi de nommer Arno Klarsfeld comme «médiateur» chargé d'examiner les demandes de régularisation des sans-papiers dont les enfants sont scolarisés en France. Ses parents, Serge et Beate, agissent depuis des décennies pour que les criminels de guerre nazis soient poursuivis en justice; de ce fait, et indépendamment de sa personnalité, le fils tire bénéfice de son nom.

Mais il est avant tout un proche du ministre de l'Intérieur. Klarsfeld dit s'être rallié à Sarkozy après que celui-ci s'est déclaré opposé à la double peine, qui faisait qu'un délinquant étranger, en plus de sa peine, était renvoyé vers son pays d'origine. N'étant pas un ingrat, Sarkozy lui a renvoyé l'ascenseur, trois fois en six mois. Klarsfeld a d'abord été chargé de mener «un travail approfondi sur la loi, l'histoire et le devoir de mémoire», c'est-à-dire de statuer sur le rôle «positif», ou non, de la colonisation française. Ensuite, il s'est vu confier la rédaction d'un rapport sur la violence des jeunes: sept pages dans lesquelles il constate que «la violence des mineurs a doublé» ou qu'il existe des «phénomènes de bandes...» ce que chacun peut voir des fenêtres de son HLM. Le voilà maintenant promu médiateur pour examiner les dossiers des sans-papiers, ce qui ne veut pas dire aider. Il a d'ailleurs été clair sur ce point, en déclarant que des expulsions seraient «possibles après examen du dossier et si les gens ne sont pas régularisables».

Avocat surtout connu lors du procès Papon ainsi que pour ses coups d'éclat médiatiques, sa fréquentation des lieux à la mode et sa pratique des rollers, Arno Klarsfeld est par ailleurs un défenseur inconditionnel de l'État d'Israël et de sa politique de répression contre les Palestiniens. Il possède la double nationalité française et israélienne et s'est glorifié d'avoir effectué plus d'un an de service militaire volontaire en 2003 en Israël, chez les gardes-frontières de Jérusalem-Est. Un garde-frontière en Israël ne se contente pas uniquement de «vérifier les passeports, jouer au billard avec les soldats ou parler filles et voitures avec eux», comme il le déclare dans Le Monde, son rôle est d'empêcher les Palestiniens de circuler librement en Israël et de les refouler sous le prétexte facile qu'ils pourraient être des terroristes.

«Je suis fier de servir au sein de l'armée d'Israël», a-t-il déclaré à Guysen Israël News en décembre 2003, qui a «une éthique remarquable, ce qui est unique dans la région! Aujourd'hui, je peux témoigner et affirmer qu'à tous les instants, la démocratie, le respect de l'autre et de la vie sont des objectifs essentiels.» Opprimer un peuple, paralyser son économie pour lui ôter tout moyen de subsistance, bombarder des maisons, des plages, priver les hôpitaux d'électricité, voici comment l'État d'Israël applique la notion de «respect de l'autre» si chère à Arno Klarsfeld...