Le gouvernement allemand a décidé, début juin, la création d'une «allocation parentale». Cette allocation, qui doit entrer en vigueur en janvier 2007, va remplacer l'actuelle «allocation d'éducation» attribuée, sous conditions de ressources, aux parents qui élèvent un enfant âgé de moins de 2 ans et n'exercent pas d'activité (ou en exercent une à temps partiel, c'est-à-dire à moins de 20 heures par semaine).

La raison invoquée pour ce changement est d'aider les Allemands à avoir des enfants. La faible natalité qui existe dans le pays (le taux des naissances y est en effet de seulement 1,3 enfant par femme, ce qui est très loin des 2,1 qui permettraient d'assurer le simple renouvellement des générations) pourrait, si elle persiste, conduire à un recul important du nombre d'habitants: 20 millions en moins d'ici 2050, selon certaines estimations.

Pour certains parents, le nouveau système va représenter une amélioration. À la place du forfait actuel qui était insuffisant pour remplacer un salaire (300 euros par mois par enfant pendant deux ans, ou 450 euros pendant un an), ils toucheront 67% de l'ancien salaire net, calculé sur les douze derniers mois, du parent qui prendra un congé pour élever son enfant, pour une durée maximale de 12 mois par enfant (de 14 mois si le père s'arrête au moins deux mois pour s'occuper de l'enfant). Cette allocation ne pourra toutefois pas dépasser les 1800 euros mensuels.

Mais pour d'autres, les plus pauvres, ceux qui n'ont pas d'emploi à la naissance de l'enfant, les chômeurs de longue durée, cela va représenter une aggravation. Auparavant ils recevaient le minimum de 300 euros pendant 24 mois, ils ne toucheront toujours que 300 euros... mais pendant 12 mois seulement! Le gouvernement estime donc que les enfants des pauvres ont moins de besoins que ceux des riches! Ou alors il veut tout simplement indiquer qu'il ne souhaite pas que les familles pauvres aient des enfants.

Le seul véritable gagnant dans cette histoire, ce sera l'État. Avec une durée de versement diminuée de moitié, il prévoit que l'allocation parentale ne lui coûtera que 3,9 milliards d'euros en 2007... alors que la précédente allocation lui en coûtait environ le double.

Et surtout cela le dédouane de doter le pays d'un réseau de crèches et de jardins d'enfants correct et en nombre suffisant. L'Allemagne est en effet un des pays européens qui accuse un retard considérable dans ce domaine. À l'Est, bien des équipements ont été fermés, faute de financement, depuis la disparition de la RDA. Et à l'Ouest, l'incurie gouvernementale demeure, malgré quelques efforts récents: moins de 10% des enfants - seulement 5% dans un des länder les plus riches du pays, la Bavière - de moins de 3 ans ont accès à une crèche.