Jeudi 29 juin, Le Parisien-Aujourd'hui, quotidien à gros tirage, affichait ce titre à la Une: «Fonctionnaires: 17 jours par an d'absentéisme». À l'intérieur, une page entière était consacrée à ce sujet. Le rapporteur de la commission des Finances du Sénat, l'UMP Marini, estimant l'absentéisme à «l'équivalent de 100000 emplois publics», déclarait que «il est vraisemblable que l'absentéisme est deux fois plus élevé dans le public que dans le privé».

À la question du journal: «Dispose-t-on de chiffres fiables?», Marini répondait: «Non (...) personne n'a d'idée précise de ce que coûte vraiment l'absentéisme (...) les chiffres sont rares et il n'y a pas de méthode de calcul stable», ce qui n'a pas empêché le journal d'afficher ces chiffres douteux à la Une.

Mais Le Parisien devait revenir sur le sujet quatre jours plus tard pour mettre un sérieux bémol à ces prétendues informations. Le 3 juillet, c'est la ministre de la Fonction publique qui «relativisait» (comme c'est joliment dit!) le «constat» précédent (comme s'il y avait eu le moindre constat!). Selon le ministre: «L'absentéisme pour maladie dans la fonction publique, c'est treize jours par an, alors que selon l'étude de l'IFRAP, il est de dix à douze dans le privé. Dans ce dernier secteur, on ne prend pas en compte le délai de carence, c'est-à-dire les trois premiers jours d'arrêt qui n'ouvrent pas droit à la Sécurité sociale». Et il ajoutait: «Selon une enquête de la Direction générale de la fonction publique (...) sur un jour pris au hasard, le taux d'absence pour maladie dans la fonction publique ressortait à 4% alors qu'il était à 4,8% dans le privé». Voilà une affirmation qui va contre les idées reçues et qu'aucun journal n'affiche à sa Une!

Cela dit, lorsqu'il est question de l'absentéisme, il y a une question qui n'est presque jamais évoquée, c'est le fait que de nombreux salariés sont présents au travail alors qu'ils sont réellement malades et la crainte de perdre leur emploi, ou simplement de se faire mal voir, les empêche de s'arrêter et de se soigner correctement. Et cela aussi bien dans le privé que dans le public.

Pour conclure sur cette question, le sénateur Marini devrait peut-être nous parler de ce qu'il connaît: l'absentéisme dans les rangs des sénateurs et des députés. Il est vrai que celui-ci n'a aucune espèce d'importance, alors que lorsque les travailleurs ne sont pas là, cela se voit.