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Leur société
Parti Socialiste : Le bal des prétendants
La parade des candidats à la candidature socialiste à l'élection présidentielle occupe les journaux et les écrans. Les plus chanceux, ou les mieux introduits, parviennent même parfois à faire passer leurs petites phrases avant les commentaires sur le Mondial de football. C'est dire s'ils se donnent du mal.
Mais pour dire quoi? D'abord, comme tout présidentiable qui se respecte, ils parlent de la France, de sa grandeur, de ses intérêts supérieurs, de son avenir. Strauss-Kahn se «préoccupe uniquement de la France», Fabius veut «la redresser», Royal «lui redonner une voix qui porte». Ça ne veut rien dire, ça n'engage à rien, mais c'est une figure imposée. Ensuite, pour les figures libres, ils essaient de se distinguer les uns des autres par des «petites phrases» censées égratigner les concurrents.
Fabius ne veut pas de la «société du Kärcher et du martinet», associant Sarkozy et Royal dans la même critique. Strauss-Kahn affirme que «la remise en ordre du pays demandera des efforts», sous-entendant que les autres font des promesses inconsidérées aux classes populaires, alors que lui n'a «qu'un seul mot d'ordre: la vérité». Royal glisse sournoisement qu'il y a des hommes politiques qui sont là depuis longtemps, phrase qui pourrait s'adresser à Chirac mais que Fabius a prise pour lui. Jack Lang dit peu de mal des autres, mais beaucoup de bien de lui-même. Et tous assurent d'une même voix que leur programme se fonde sur celui que vient d'adopter le PS, c'est-à-dire sur le vide sidéral.
Pour l'instant, ce n'est pas auprès des électeurs qu'ils font campagne, mais devant les militants socialistes qui les départageront par leurs votes à l'automne. Ils voteront pour celle ou celui qui réussira le mieux à les persuader qu'il, ou elle, a une chance de gagner la présidentielle d'abord, les législatives et les municipales ensuite, ce qui pour un certain nombre de notables du PS a, comme on dit, «une certaine importance».
Mais à force de parler pour ne rien dire, les candidats à la candidature vont finir par convaincre la population que, pour elle, tout ça n'en a aucune.