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Gaza : l'armée israélienne à l'oeuvre: qui sème la colère...
Dans la nuit de mardi 27 au mercredi 28 juin, l'armée israélienne a pénétré dans la bande de Gaza. Des dizaines de blindés ont passé la frontière à Rafat, dans le sud du territoire, l'aéroport (ou plutôt ce qu'il en reste) a été occupé, des ponts ont été bombardés ainsi qu'une centrale électrique du centre de Gaza, plongeant l'essentiel du territoire dans le noir.
Ces actes de guerre seraient la réponse à l'attaque par un commando palestinien d'un point fortifié israélien qui jouxte la bande de Gaza. Deux soldats israéliens y ont trouvé la mort tandis qu'un autre était enlevé. Durant cette action, deux combattants palestiniens ont aussi été tués.
«Sauver le soldat Schalit» est alors devenu l'objectif prioritaire du gouvernement israélien, appuyé par ses soutiens traditionnels: les États-Unis, plusieurs pays de l'Union européenne, dont la France, auxquels s'est joint le Vatican. Qu'importe en fait si le déploiement de force de l'armée israélienne met en réel danger le soldat enlevé: bien plus que le retour du soldat, ce qui importe aux gouvernants israéliens est de ne pas laisser impunie l'action du commando palestinien qui a osé sortir de cette prison à ciel ouvert qu'est la bande de Gaza pour s'en prendre à l'armée israélienne elle-même.
Pour le Premier ministre israélien Olmert et pour le travailliste Peretz, son adjoint à la Défense, un tel acte serait pire qu'un attentat suicide s'en prenant aveuglément à des civils. C'est un acte de guerre qu'il peut toujours qualifier de «terroriste» mais qui, aux yeux même de l'opinion publique, et peut-être même de l'opinion israélienne, peut apparaître pour ce qu'il est: un geste de défense s'en prenant directement à ceux qui sont chargés de contraindre tout un peuple, de l'enfermer, de l'humilier et de l'assassiner s'il ose relever la tête.
Car enfin, pour un soldat israélien aux mains des Palestiniens, il y a 10000 prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dont de nombreux femmes et enfants. Pour une action militaire déclenchée par des Palestiniens, il y a une multitude d'actions perpétrées par l'armée israélienne: enlèvements, assassinats, bombardements...
Bref, Israël s'autorise les actes les plus répréhensibles mais dénie aux Palestiniens le droit de réagir. Pour ne rapporter que les derniers faits survenus avant l'agression israélienne envers Gaza, citons les enlèvements de 17 jeunes, originaires de Naplouse, perpétrés dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 juin, sans que cela provoque le moindre émoi dans le monde.
La décision de déploiement terrestre à Gaza est intervenue quelques heures après que le Hamas et le Fatah ont annoncé pour la première fois un accord sur le document dit «des prisonniers», élaboré il y a quelques semaines par des militants emprisonnés de différentes formations politiques, dont le Fatah, le Hamas et le FPLP. Le texte confirme que les composantes de la vie politique palestinienne acceptent que soit créé un État palestinien à l'intérieur des territoires qu'Israël n'avait pas encore conquis militairement avant fin 1967, c'est-à-dire la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. C'est évidemment là une reconnaissance de fait de l'État d'Israël que l'OLP avait déjà reconnu il y a plus de quinze ans, tout comme récemment plusieurs dirigeants du Hamas.
Le document «des prisonniers» est donc dorénavant officialisé, sans que cela ébranle qui que ce soit, en tout cas pas les gouvernants israéliens qui avaient fait de ce point un préalable à l'ouverture des moindres pourparlers.
C'est dire si Israël se moque de ses propres exigences qui ne sont là que pour une opinion déjà conquise et pour justifier ses exactions les plus terribles à l'égard de la population palestinienne.
Il n'y a rien à attendre du gouvernement israélien, ni de sa composante de droite, ni de celle qui se réclame de la gauche. Depuis des décennies, tous les gouvernants maintiennent une politique de spoliation, de vol des terres, d'humiliation de tout un peuple et ont, par là même, fait d'Israël un des pays les plus racistes et réactionnaires qui soit. Mais cette violence permanente n'a pas brisé la population palestinienne qui continue de résister malgré l'effroyable disproportion des forces.
Tous ceux pour qui la liberté et la dignité ne sont pas de vains mots sont solidaires des Palestiniens dans leur lutte contre l'oppression.