Arkema - Jarrie (près de Grenoble) : Les travailleuses du nettoyage ne se laissent pas faire29/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1978.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arkema - Jarrie (près de Grenoble) : Les travailleuses du nettoyage ne se laissent pas faire

Après sept mois d'appels d'offre, la direction de l'usine chimique Arkéma, près de Grenoble, a finalement donné, début mai, le contrat de nettoyage à ASN (Alpes Savoie Nettoyage), une société dont le siège se trouve à Chambéry. Ainsi elle est allée chercher une entreprise encore pire que la société Onet qui sévissait précédemment. Le résultat est que, depuis le 16 juin, les salariées du nettoyage se sont mises en grève.

En effet, dès la première réunion avec les onze travailleuses, ASN annonçait la couleur: pas question d'un syndicat chez lui. Il refusait de reconnaître la section syndicale CGT et contestait la nomination de la déléguée syndicale. Le tribunal de Chambéry lui donnait raison, sous prétexte que cette déléguée n'a pas un an d'ancienneté dans l'entreprise (ASN), alors qu'elle nettoie l'usine depuis vingt-cinq ans, tout en étant élue CGT depuis dix-sept ans!

Le personnel de nettoyage qui travaille sur ce site est particulièrement combatif et ASN veut remettre en cause les acquis obtenus lors de conflits précédents, tels le respect du personnel, la réglementation du travail, les primes, les modalités de remplacement, et même la petite pause café à la prise du travail, à 5 heures du matin.

ASN a contesté des dates de congés posées avant son arrivée, a voulu modifier de façon arbitraire les contrats de travail et a placé deux nouveaux chefs en permanence derrière le personnel. D'autre part, les salariées ont déjà noté des manques importants sur les salaires...

Pour casser les résistances, ASN utilise les gros moyens. Il a commencé par mettre à pied une salariée, veuve avec un enfant, sous un prétexte fallacieux. Il l'a finalement réintégrée au bout d'un mois, mais avec huit jours de retrait de salaire. Les trois jours de grève de ses collègues, la pétition massivement signée dans l'usine ainsi que la menace de grève du personnel d'Arkéma y sont sans doute pour quelque chose Quatre jours après, ce fut au tour de deux autres salariées (dont la déléguée syndicale) de se retrouver à la porte, en mise à pied conservatoire avec menace de licenciement (sans précision de motif) et convocation à un entretien préalable, lundi 26 juin.

ASN utilise les menaces, le harcèlement par lettres recommandées aux salariées. La responsable syndicale en est à sa douzième lettre recommandée en un mois et demi! Cette entreprise a également adressé des menaces par courrier à l'Union locale CGT, à l'inspecteur du travail et compte porter plainte contre la CGT d'Arkéma... pour diffamation, dit-elle!

La direction d'Arkéma se montre complice de ces agissements. Elle a édité deux Flash d'information où elle soutient ASN, a fait interdire l'accès de l'usine à deux travailleuses qui refusaient de signer un avenant défavorable à leur contrat. Et c'est même à partir de son fax que la propagande mensongère diffusée par ASN dans l'usine est envoyée. Face aux réclamations des salariées d'ASN et de la CGT d'Arkéma, qui réclame l'embauche directe de toutes les salariées par Arkéma, elle a fini par se retrancher dans un mutisme complet.

En tout cas, face à ce comportement de leur direction, les salariées d'ASN sont en grève, depuis vendredi 16 juin. Jeudi 22 juin, la CGT et la CFDT d'Arkéma ont appelé le personnel de l'usine à deux heures de grève de solidarité avec elles, suivie à plus de 90% chez les postés et 50% chez les journaliers. Un rassemblement de soutien devant l'entreprise, à l'appel de l'Union départementale CGT, réunissait plus de 100 personnes, dont des travailleurs des autres entreprises sous-traitantes du site. La télévision, la radio et la presse locale étaient présentes et ce fut l'occasion de faire connaître plus largement ce conflit.

Le lundi suivant 26 juin, jour de l'entretien préalable, la direction d'ASN attendait avec un huissier et des vigiles les deux salariées mises à pied. Ce jour-là, les salariées connurent enfin le motif de leur mise à pied: «tentative de séquestration »! Le directeur d'ASN est reparti sous les huées et sifflets des militants venus accompagner leurs camarades à l'entretien.

ASN ne s'est pas encore prononcé sur la sanction envisagée, mais a déjà prévenu la déléguée CGT avant l'entretien, par recommandé, qu'elle réunissait son Comité d'entreprise, pour demander son éventuel licenciement. Les travailleuses d'ASN étaient donc toujours en grève mardi 27 juin.

Partager