Mercredi 21 juin, à l'ouverture de la séance à l'Assemblée, à défaut d'excuses, Dominique de Villepin a donc présenté ses «regrets» à François Hollande. La veille, les caméras avaient montré un Premier ministre à la mâchoire crispée, aux yeux exorbités, les deux index rageusement pointés, accusant par trois fois le dirigeant de l'opposition parlementaire de «lâcheté». Or, il paraît qu'à l'Assemblée nationale, où on entend toutes sortes de noms d'oiseaux, le mot «lâche», lui, serait définitivement proscrit et expression de la pire infamie.

À la surprise de beaucoup, et peut-être de Hollande lui-même, Villepin s'est donc publiquement repenti «Si certains mots vous ont personnellement blessé, je le regrette et je les retire» lui a-t-il donc déclaré.

Villepin avait déjà dû avaler la défaite du CPE, consommer le scandale Clearstream, puis reculer la privatisation de GDF devant la grogne de sa majorité. Cette fois, la sortie du Premier ministre risquait, semble-t-il, de gâcher ses relations, non pas tant avec le PS de toute façon dans l'opposition, qu'avec sa propre majorité qui trouve de plus en plus amer de devoir assumer devant les électeurs les initiatives gouvernementales. Alors, comme il faut en principe tenir jusqu'en 2007, Chirac a sans doute enjoint à Villepin de mettre un mouchoir de plus sur son orgueil et de s'excuser. Pas facile la vie de Premier ministre à moins d'un an d'une élection présidentielle.

Pour l'heure, le psychodrame est clos. La tempête dans le verre d'eau de l'Assemblée nationale devrait donc se calmer, jusqu'à la prochaine séance de tragi-comédie parlementaire.