Prix du gaz et prix du pétrole : La grande arnaque21/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1977.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prix du gaz et prix du pétrole : La grande arnaque

«Le prix du gaz est indexé sur le prix du pétrole. Et comme le pétrole ne cesse d'augmenter au niveau mondial, il est normal que les consommateurs paient de plus en plus cher le gaz qu'ils utilisent»: voilà, en résumé, ce que les dirigeants de Gaz de France et les ministres voudraient nous faire prendre pour une loi immuable, une règle absolue, qui ne dépend ni d'eux, ni de personne.

C'est même écrit dans le contrat de plan de GDF. Cette année, ces dirigeants ont répété ce dogme quasiment en permanence. Les occasions de justifier par tous les arguments possibles et imaginables les hausses du gaz sont nombreuses: que ce soit pour les trois augmentations effectives, les augmentations à venir, celles demandées et celles prévisibles si la fusion GDF-Suez se réalise. Pourtant de toute évidence, il n'y a pas de problème d'approvisionnement pour le gaz, pas de pénurie prévisible, ni aucune logique à cette hausse des prix.

Alors pourquoi cette règle? À cause des exigences des pays producteurs, comme l'affirmait sur France Inter, le 20 juin, Patrick Ollier, le président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale? Pas du tout. Tout simplement, parce que les «majors» l'ont décidé ainsi et parce que, pour ce qui concerne la France, les gouvernements qui contrôlaient EDF ont accepté de se soumettre à leur diktat.

En fait, l'alignement du prix du gaz sur le prix du pétrole date du début des années 1970, lorsque le gaz naturel a été introduit en grande quantité sur les marchés. Suite au premier choc pétrolier de 1973, les grandes compagnies pétrolières, les majors, avaient réussi à faire augmenter de manière considérable les prix de vente de leur pétrole, et leurs bénéfices. Mais elles ont également imposé, pour ce qui n'était au début qu'un simple dérivé du pétrole, un gaz cher, pour ne pas se faire concurrence à elles-mêmes. Et soucieuses du long terme, prétextant des investissements coûteux en matière de gazoducs, elles ont institué pour le gaz des contrats à long terme, de 20 à 25 ans, et une indexation sur le prix du pétrole.

Gaz cher, contrats à long terme, indexation sur le prix du pétrole, les majors étaient blindées pour l'avenir. Elles faisaient et font toujours la loi dans le pétrole comme dans le gaz.

Par exemple, Total, la major française, est également le 4eproducteur mondial de gaz. Il se vante de produire dans le monde plus que la consommation française.

Aujourd'hui, la consommation de gaz naturel a fortement augmenté, et en 2005, la grande majorité du gaz produit dans le monde est toujours échangé selon des contrats à long terme. Ainsi, Gaz de France a signé des contrats à long terme indexés sur le prix du pétrole avec les compagnies exploitant dans la mer du Nord (33% du gaz), l'ex-Union soviétique (29%) l'Algérie (25%) et les Pays-Bas (13%).

En Grande-Bretagne, où le gouvernement pousse pourtant à privilégier les contrats à court terme selon les «prix du marché», il reste encore près de 85% de l'approvisionnement en gaz couvert par des contrats à long terme indexés sur le pétrole.

Mais il ne faudrait pas croire que la fin de l'indexation sur le prix du pétrole sonnerait l'avènement du gaz pas cher. Aux États-Unis, les majors abandonnent de plus en plus ces contrats à long terme, en privilégiant le jeu de l'offre et de la demande. Mais le résultat pour les consommateurs est identique. Les prix du gaz restent très chers et suivent en gros les évolutions des hausses du prix du pétrole.

En France, comme ailleurs, le gaz est de plus en plus un élément indispensable de bon nombre de foyers, en particulier pour le chauffage. Les hausses qui se sont succédé depuis des années font que ce poste pèse lourdement dans les budgets populaires. Alors que c'est une ressource naturelle qui devrait profiter gratuitement à tous, le gaz sert à taxer toute la population, en lui soutirant des sommes considérables à destination des actionnaires des grandes sociétés pétrolières.

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