Ile-de-France : Transports en commun trop chers21/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1977.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ile-de-France : Transports en commun trop chers

Le Conseil régional d'Ile-de-France vient d'annoncer, pour un million environ d'habitants de la région, parmi les plus démunis, la réduction du prix de la Carte orange, abonnement qui permet un nombre de voyages illimité sur tout le réseau des transports en commun. Dès le 1er octobre, le prix de la carte, qui varie de 51,50 à 139,90 euros par mois en fonction des zones couvertes, sera réduit de 75% pour les abonnés concernés.

Il ne s'agirait que d'un début puisque, courant 2007, Jean-Paul Huchon, le président PS du Conseil régional, promet la gratuité totale pour les RMIstes franciliens. C'est une bonne nouvelle, évidemment, pour une bonne partie de la population laborieuse de la région, même si la mesure qui sera vraisemblablement votée par le Conseil régional fin juin présente quelques limites. Tout d'abord, 100000 personnes seulement, qui ont droit à l'Allocation spécifique de solidarité (ASS) ou à l'Allocation de parent isolé (API), verront une différence importante dans le prix de leur carte de transport. En effet, les neuf cent mille autres bénéficiaires de la réduction, ceux qui ont droit à la Couverture maladie universelle et à l'Aide médicale d'État, ne paient d'ores et déjà que 50% de la carte de transport, afin d'être, même chômeurs, dans les mêmes conditions que les salariés qui voient leurs transports pris en charge à 50% par leur employeur.

De plus, la réduction ou même la gratuité annoncée sont des mesures d'une évidente nécessité, lorsque l'on considère qu'un RMIste seul et sans enfants qui se voit allouer 433 euros par mois, doit débourser près de 12% pour son transport à Paris même et jusqu'à un tiers de ses maigres ressources s'il habite aux confins de la Seine-et-Marne, en zone 8. Autant dire que le prix de l'abonnement transport en commun d'Ile-de-France est hors de portée de la bourse d'un chômeur et pèse lourdement dans le budget d'un salarié qui doit franchir des dizaines de kilomètres dans son trajet domicile-travail.

Et c'est là ce qui est le plus choquant. Pour se rendre au travail, souvent éloigné de leur domicile, en particulier dans les grandes agglomérations, les distances et les temps de transport sont longs et coûteux, en argent, en fatigue pour les travailleurs. Les employeurs ne sont que faiblement mis à contribution. Et pourtant, en termes de coût pour la société, les transports en commun représentent un progrès évident et même, dans certaines agglomérations saturées, une nécessité.

Or, une grande partie du financement de ces transports est à la charge des travailleurs. En Ile-de-France, les abonnés à la Carte orange financent en moyenne directement 25,7% du prix des transports, compte tenu de la partie qui leur est remboursée par l'employeur, et le restant est financé par les impôts et taxes, donc en grande partie par ces mêmes salariés. Il serait logique que les transports en commun soient entièrement pris en charge, non seulement par l'État, mais aussi par les grandes entreprises qui sont les premières bénéficiaires des transports qui véhiculent ces millions d'employés qui fabriquent leurs profits.

On nous parle beaucoup des avantages des transports en commun par rapport à la voiture individuelle, en termes d'économie d'énergie et de lutte contre la pollution. Ils sont indéniables. Le gouvernement, qui sait si bien parler «d'incitation» vis-à-vis des patrons quand il s'agit de leur faire des cadeaux, «n'incite-t-il» pas les travailleurs à utiliser les transports en commun en assurant leur gratuité?

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