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Leur société
Enseignement public : Des «audits» pour justifier les suppressions de postes
Alors que le gouvernement annonce la suppression de 15000 emplois dans la fonction publique, dont 8700 dans l'Éducation nationale, une vague «d'audits» commandés par le ministre délégué au Budget est censée fournir prochainement des résultats sur certains points clés du fonctionnement de l'école.
Au total, plus d'une centaine d'audits ont été prévus, dont le but est en réalité de diminuer les dépenses des différents ministères et de rogner sur les services publics. Il suffit de lire les «lettres de mission» des audits sur l'Éducation nationale, qu'ils concernent les horaires des lycées, ceux des collèges ou l'offre de formation dans les lycées professionnels, pour voir que le but clairement recherché, c'est de démontrer l'urgence d'une «réforme» qui se traduirait par une série d'économies et de coupes claires dans les budgets de l'Éducation. L'auteur y stigmatise, par exemple, «un horaire hebdomadaire parmi les plus lourds de tous les pays de l'OCDE» et cherche à «repérer les leviers sur lesquels agir pour alléger [cet] horaire», à «en évaluer les conséquences pédagogiques et financières», et à «dégager les marges de manoeuvre budgétaires».
Comme on le voit, ces études ne visent pas à recenser les besoins scolaires réels des enfants et des jeunes, mais bien à réaliser des économies: pour l'État, le «coût par élève» serait «parmi les plus élevés». Cette affirmation est au demeurant démentie par les syndicats d'enseignants qui dénoncent, en outre, la régression continuelle depuis plusieurs années de la part du produit intérieur brut (5,7% en 2001) représentée par les dépenses d'éducation.
Il est donc question, par exemple, de réduire les horaires des enseignements obligatoires dans les collèges, les enseignements optionnels ayant déjà été largement rognés depuis quelques années. Il est question également de réduire les heures où les classes sont dédoublées pour permettre un travail plus confortable et plus proche des difficultés particulières à chaque élève, de réduire les heures de concertation permettant aux équipes d'enseignants de faire le point ensemble et de prévoir des travaux ou sorties pédagogiques en commun.
Pas de mystère, donc: pour supprimer les milliers de postes d'enseignants menacés, même dans les écoles primaires où les effectifs scolaires sont en hausse, le programme sera à la restriction, en termes d'heures, d'options et même d'offres diverses de formations. On est donc loin de pouvoir satisfaire les besoins reconnus de longue date pour la prise en charge des élèves handicapés, de pouvoir classer en zone d'éducation prioritaire tous les établissements qui en ont besoin et surtout de leur donner les moyens supplémentaires liés à ce classement. On est loin de pouvoir fournir soutien et aides spécifiques aux enfants en difficulté.
Des économies seront ainsi à nouveau réalisées aux dépens de millions d'élèves, de leurs familles et de milliers de salariés de l'Éducation nationale. Celle-ci a déjà été amputée de 25000 postes d'enseignants depuis la rentrée 2003, sous prétexte de «modernisation» et de «réformes», avec pour simple objectif de réduire le déficit budgétaire. Pendant le même temps, les impôts des plus fortunés continuent de fondre, les subventions et dégrèvements de charges aux entreprises d'être généreusement dispensés.
Cinq syndicats de l'Éducation, appellent à la grève, le mercredi 6 septembre, deux jours après la rentrée des élèves. Le mépris manifesté par le gouvernement mérite que cet appel soit largement suivi et soit relayé par tous ceux que l'école concerne, c'est-à-dire la majeure partie de la population.
Viviane LAFONT
On se disait bien: Villepin a tenu à déclarer que «l'armée ne verra pas ses moyens limités».
Dans les 15000 postes de fonctionnaires qu'il programme de supprimer, à côté d'une forte majorité dans l'Éducation nationale, le gouvernement avait annoncé 3000 postes de militaires en moins.
En fait, ces 3000 postes étaient non occupés, avoue l'état-major. Bref, les généraux n'auront pas moins de monde à leur service.
En revanche, il y aura bien des postes d'enseignants, de surveillants, d'infirmières scolaires en moins. Et cela, c'est aussi une façon de faire la guerre: aux classes populaires et à leurs enfants.