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Leur société
Après les réformes : La baisse programmée des pensions de retraite
Les salariés qui arrivent aujourd'hui en nombre à la retraite découvrent souvent que le montant de la pension qu'ils toucheront sera ridicule.
Le montant des pensions touchées par les nouveaux retraités n'a cessé de baisser depuis 1994 et va continuer à baisser jusqu'en 2008, car les remises en cause successives prendront leur effet complet à cette date. Et encore, si entre-temps les gouvernants en place ne préparent pas d'autres mesures pour s'ajouter à celles-ci.
La baisse continue du montant des retraites est la conséquence des mesures prises par le gouvernement Balladur en 1993, qui furent reconduites par le gouvernement socialiste entre 1997 et 2002.
Les mesures les plus destructrices pour la retraite ont été les changements opérés pour calculer le montant de la retraite Sécurité sociale. Auparavant, on prenait pour base le salaire moyen des dix meilleures années. Ce montant était lui-même revalorisé en prenant pour base l'évolution du salaire moyen depuis la période considérée.
Depuis 1994, on a progressivement instauré le calcul sur les 25 meilleures années. Cette remise en cause a été doublée d'un changement du mode de calcul pour la revalorisation des salaires passés. Au lieu de revaloriser ceux-ci en fonction de l'évolution du salaire moyen, on a pris en compte la hausse officielle du coût de la vie hors tabac.
Or la différence entre cette évolution officielle des prix et celle des salaires est considérable. On estime cet écart à au moins un point par an. Du coup, plus on remonte loin, plus la perte est importante. Ainsi, ceux qui doivent pour le calcul de leur retraite aller se baser sur des salaires du début des années 1970, peuvent constater une perte se situant entre 30 et 40% par rapport à un salaire de même niveau trente ans plus tard. Et ce n'est pas une situation extraordinaire, car les personnes, les femmes en particulier, qui ont dû cesser de travailler pendant quelques années, ou les chômeurs de longue durée, les malades, les accidentés du travail ou les préretraités, sont souvent dans la situation de devoir remonter aussi loin pour pouvoir arriver à prendre leurs 25 «meilleures années».
Alors, s'il y a un scandale, c'est cet appauvrissement programmé et brutal de millions de travailleurs qui arrivent et arriveront à la retraite, à l'heure où les PDG se payent des retraites de luxe et où les actionnaires encaissent des dividendes indécents, en hausse permanente.
P.S.
Comptes de la Sécu et retraites: Une campagne pour... préparer les prochaines attaques
Le Parisien titrait le 9 juin dernier sur toute une page: «Les départs en retraite plombent la Sécu». Titre ravageur pour signaler simplement, selon ce quotidien, que le déficit prévisionnel de la branche vieillesse de la Sécurité sociale, celle qui assure le paiement des retraites assurées par la Caisse nationale d'assurance vieillesse, la CNAV, passerait de 1,9 à... 2,2 milliards d'euros.
Ces trois cent millions d'euros sont pourtant une goutte d'eau face aux allégements de cotisations accordés aux patrons et qui, eux, plombent, et de quelle manière, les comptes de la Sécurité sociale et le budget de l'État, pour des dizaines de milliards.
Il n'empêche qu'on entend de plus en plus les hommes politiques, la presse, voire des syndicalistes dire et répéter que ce sont les départs des générations d'après guerre, ce qu'ils appellent le papy-boom, ou encore les départs en retraite avant soixante ans des salariés ayant commencé à travailler jeunes, qui seraient la cause d'un «considérable déficit des comptes de la Sécu». Il s'agit en fait d'une campagne qui vise à préparer les prochaines attaques contre les actuels et les futurs retraités.
La loi Fillon de 2003 avait programmé, pour un temps seulement, la possibilité de départ anticipé des salariés ayant cotisé 42, 43 ans ou plus, c'est-à-dire ceux qui avaient commencé à travailler jeunes. C'était la seule contrepartie temporaire pour faire passer les autres remises en cause. Aujourd'hui, non seulement on se prépare à en finir avec cette possibilité, mais on veut préparer les travailleurs à la prochaine étape, en 2008, date à laquelle il est prévu d'actualiser cette loi, en l'aggravant avec des allongements de durée de cotisation et d'autres mesures aussi rétrogrades.
Il n'y a aucune raison de se laisser embobiner par de tels boni...menteurs!