Solidarité avec les élèves sans-papiers07/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1975.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Solidarité avec les élèves sans-papiers

«Sarkozy renonce à expulser les élèves sans papiers», titrait Le Figaro du mardi 6 juin. En réalité, seule une petite minorité des familles de ces enfants pourra obtenir un titre de séjour leur permettant de rester en France. Des considérations politiciennes ne sont pas étrangères à cette décision, Sarkozy voulant montrer aux électeurs de son camp qui pourraient être choqués par les mesures prises contre les immigrés qu'il sait aussi faire preuve d'humanisme. Mais il s'agit tout de même de la part du ministre de l'Intérieur d'un recul, qui est avant tout dû à la mobilisation qui s'est faite dans les écoles et les quartiers pour protéger les enfants ou leur famille menacés d'expulsion à la fin de l'année scolaire.

La mesure de «clémence» que Sarkozy demande aux préfets d'adopter est restrictive et elle ne bénéficiera qu'à quelque 800familles, soit environ 1200 personnes. Il s'agit des familles «les plus intégrées», c'est-à-dire celles dont les enfants sont nés en France, y ont toujours été scolarisés et ne connaissent pas la langue d'origine de leurs parents. C'est peu, en regard des 300 à 400000 émigrés, dont 500000 enfants, qui n'arrivent pas à obtenir leur régularisation et risquent à tout moment d'être expulsés de force. C'est peu aussi si l'on compare ce nombre aux 25000 expulsions prévues cette année par le ministre de l'Intérieur.

Heureusement, il n'est pas dit que Sarkozy remplisse ses objectifs, car un peu partout en France, des enseignants et des parents n'acceptent pas de voir des élèves ou des camarades de classe de leurs enfants retirés brutalement de l'école où ils étudient, conduits avec leur famille dans un centre de rétention en attendant parfois plusieurs semaines d'être expulsés vers un pays que beaucoup ne connaissent pas, pour y trouver les conditions de vie misérables, ou même la guerre, qui avaient poussé leurs parents à émigrer.

Depuis plusieurs mois, des manifestations devant les préfectures, des mouvements de grève ou des occupations symboliques d'écoles ont eu lieu, pour manifester la solidarité avec les enfants menacés, et souvent avec succès puisque des expulsions ont pu être évitées. Le mois dernier, le Réseau éducation sans frontières (RESF) a lancé une pétition appelant à parrainer les élèves sans papiers. 30000 personnes ont déjà accepté de s'engager à protéger un jeune, ce qui veut dire l'accompagner dans ses démarches dans un premier temps, et ensuite s'opposer à son expulsion si les démarches échouent, en faisant nombre devant les forces de l'ordre ou même en prenant le risque de le cacher, contrevenant à la loi en toute connaissance de cause.

La solidarité envers ces jeunes et leur famille a déjà permis que les élèves sans papiers puissent étudier jusqu'à la fin de l'année scolaire, et elle a surtout pu permettre que des parents aient leur titre de séjour prolongé d'autant. Le 1erjuillet, le premier jour des vacances scolaires, ces élèves ou leur famille risquent de nouveau d'être expulsés à tout moment. Le Collectif contre une immigration jetable et Réseau éducation sans frontières appellent à manifester ce jour-là et à amplifier la solidarité.

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