Le plan senior du gouvernement : Une attaque en règle contre l’emploi, les salaires et les retraites!07/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1975.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le plan senior du gouvernement : Une attaque en règle contre l’emploi, les salaires et les retraites!

Suspendu pour cause de manifestations contre le CPE, voilà le plan consacré à «l'emploi des seniors», c'est-à-dire les travailleurs de plus de cinquante ans, ressorti de son placard par le gouvernement.

Villepin, de retour de voyage en Finlande, et emballé, a-t-il déclaré, par l'exemple finlandais où existerait une prolongation d'activité possible jusqu'à 70 ans, a présenté son plan au Conseil économique et social. Il s'agit d'une attaque en règle contre l'emploi, les rémunérations et les retraites, préparé par un accord conclu entre le Medef et trois organisations syndicales, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC.

Comme toujours, comme pour les retraites et la Sécurité sociale, nos gouvernants ont le culot de prétendre devoir «réformer» dans l'intérêt des salariés. Le drame, pour le gouvernement, serait le taux d'emploi des 55-64 ans à 37,9%, qu'il voudrait porter à 50% en 2010. Mais prendre comme référence une période qui va jusqu'à 64 ans est bien révélateur du but de l'opération. Malgré les retours en arrière, en France on a le droit de prendre sa retraite à 60 ans. La référence à 64 ans montre d'emblée qu'il s'agit de faire sauter ce principe déjà mis à mal par la diminution du montant des retraites depuis les lois Balladur de 1994, puis celles de Raffarin en 2003.

Et puis, derrière les déclarations hypocrites sur le sous-emploi des salariés après cinquante ans, toutes les mesures proposées ne peuvent qu'empirer encore la situation critique de cette catégorie de salariés.

Depuis des années, les patrons licencient bien souvent en priorité les salariés les plus âgés. Ce n'est pas pour rien que les chômeurs de plus de cinquante ans se reclassent deux fois moins que les autres salariés; à peine plus de 30% seulement y arriveraient. Et ce n'est qu'une moyenne, car au-delà de cinquante-cinq ans c'est quasiment mission impossible. À l'heure où, dans les entreprises, on impose des cadences de plus en plus infernales, avec en conséquence l'explosion des maladies professionnelles liées à cette détérioration des conditions de travail, les salariés de plus de cinquante ans cumulent pour les patrons les handicaps d'avoir déjà été usés à la tâche et d'avoir des salaires qui, malgré tout, sont plus élevés que ceux qui arrivent sur le marché du travail.

La soif de profit du patronat a entraîné la multiplication des licenciements de ces catégories de travailleurs. C'est pour freiner, ne serait-ce que partiellement, cette accélération qu'avait été instituée une contribution taxant les licenciements des plus de cinquante ans et, de façon quelque peu significative, surtout ceux de plus de cinquante-cinq ans. Or le «plan senior» va de pair avec la limitation de cette contribution, la «contribution Delalande» et sa suppression complète en 2010, que réclamait le patronat. Cela sera un encouragement à licencier sans réserve et sans risque, ne serait-ce que financier, ces travailleurs les plus âgés.

L'autre mesure est l'institution d'un CDD spécifique de 18mois renouvelable pour les plus de 57ans. Le complément, indispensable pour ses auteurs, est la suppression de la mesure qui faisait que les chômeurs de plus de cinquante-sept ans ayant leurs trimestres de cotisation étaient dispensés de recherche d'emploi. Le ministre chargé des Relations du travail, Gérard Larcher, vient d'annoncer qu'il allait demander la suppression de cette disposition. Dans les faits, quelle que soit leur situation de cotisation, les chômeurs de plus de cinquante-sept ans, sont laissés en paix par l'ANPE, en attendant leur retraite. Pour le calcul de leur pension de retraite, les périodes de chômage sont neutralisées. Mais si on obligeait ces chômeurs âgés à prendre un travail en CDD, évidemment sous-payé et sous-qualifié, en plus de la brimade que cela pourrait représenter, la prise en compte des salaires de cette période entraînerait automatiquement une baisse du niveau de leurs pensions de retraite. Quant à ceux qui refuseraient de prendre ce travail, ils se trouveraient évidemment radiés.

Toutes les autres mesures visent à encourager le cumul d'un emploi et d'une retraite. Cela en dit plus long que tous les discours sur les intentions des gouvernants quant au montant à venir des retraites. Ils sont en campagne pour tenter de faire rentrer dans la tête des travailleurs qu'ils devront continuer à travailler bien au-delà de soixante ans et au-delà même de leur retraite, qui sera de plus en plus à la portion congrue.

Ce plan senior est, à l'image de toutes les autres mesures mises en avant sur la précarité, les licenciements, les salaires, une attaque de plus contre la situation des salariés.

Partager