Sogerma – Mérignac (Gironde) : La dictature des capitalistes d’EADS24/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1973.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sogerma – Mérignac (Gironde) : La dictature des capitalistes d’EADS

Le12 mai dernier, EADS a annoncé son intention de fermer le site de la Sogerma de Mérignac en Gironde comptant 1050 emplois et faisant vivre, directement ou indirectement, des milliers de familles de la région.

Jeudi 18 mai, le ministre Loos, sans doute pour faire croire que le gouvernement est très préoccupé du sort des travailleurs de la Sogerma, déclarait qu'EADS avait accepté «de reprendre les concertations et de se donner du temps», laissant entendre que le plan était suspendu. Ces déclarations, comme celles de Borloo exigeant un moratoire, comme celles aussi de Villepin, étaient faites pour amuser la galerie.

Le 19 mai, la direction d'EADS a affirmé à la CGT vouloir uniquement se donner «un temps de respiration». Elle a confirmé sa volonté de fermer l'établissement de Mérignac et a nié toute idée de moratoire.

Et tant pis pour les ministres à qui les patrons d'EADS ont rappelé, dans les faits, qui étaient les vrais patrons. Thierry Breton a encaissé le camouflet au nom de ses collègues et en a été réduit à regretter que les licenciements soient décidés... brutalement. Pour lui, de bons licenciements ce seraient des licenciements... préparés. Il a affirmé qu'il convoquerait le PDG d'EADS dans son bureau «pour que celui-ci s'explique». La direction d'EADS en tremble encore!

Le 23 mai, le Conseil d'administration d'EADS, tout en confirmant sa volonté de mettre fin aux activités de l'usine, a annoncé la mise en place d'un groupe de travail pour «étudier la possibilité de maintenir des activités industrielles» sur le bassin d'activités de Bordeaux-Mérignac, cette étude «visant un noyau industriel d'environ 300emplois». Cette vague promesse a suffi pour que Villepin en se déplaçant à l'usine tente de poser devant les caméras en défenseur des intérêts des salariés. Mais un groupe de travail qui étudie la possibilité de créer, peut-être, trois cents emplois sur Mérignac, voilà qui ne répond en rien aux préoccupations du millier de salariés de la Sogerma, de ceux des entreprises sous-traitantes, de leurs familles, menacés par la fermeture déjà programmée de la Sogerma.

Villepin se vante d'avoir convoqué le PDG d'EADS, Arnaud Lagardère. Mais c'est pour la galerie. Quant à l'efficacité de son intervention, il suffit de se souvenir comment en septembre dernier il avait manifesté la même indignation feinte lors de l'annonce de la fermeture de l'usine Hewlett-Packard de Grenoble.

Et pendant ce temps là, la direction de la Sogerma avance ses pions. Dans l'usine, depuis une quinzaine de jours, une cellule de «mobilité» est à l' oeuvre. Cette cellule fait du chantage aux salariés en leur proposant un poste, qui à Marignane, qui à Toulouse ou à Rochefort, à prendre tout de suite sans quoi il n'y en aurait pas d'autre!

Quant au déficit de 240 millions d'euros de la Sogerma, les dirigeants syndicaux ont expliqué qu'étaient comptés notamment dedans les 31 millions d'euros qui avaient servi pour le plan de suppressions de 190 emplois en 2005. Et des millions d'euros ont été engloutis dans l'aménagement à bas prix d'avions pour le Qatar, en échange de contrats juteux entre Airbus et ce riche émirat. Quoi qu'il en soit, le prétendu déficit reste très petit devant les bénéfices du groupe (1,7 milliard pour 2005) et devant les centaines de millions d'euros versées chaque année aux actionnaires, en premier lieu au groupe Lagardère.

Les salariés de Sogerma ont reçu le soutien des différents partis de gauche et d'extrême gauche, dont Lutte Ouvrière, qui s'est exprimé au cours d'une réunion publique dans laquelle est intervenue notamment notre camarade Nelly Malaty, conseillère municipale Lutte Ouvrière à Mérignac. Et les salariés continuent de sortir et de manifester leur refus des suppressions d'emplois: des manifestations sont prévues le 24 mai à Paris devant le siège d'EADS et le 3 juin dans les rues de Mérignac et de Bordeaux, en appelant la population à venir soutenir leur lutte. EADS a les moyens de maintenir tous les emplois.

Il faut pour cela prendre sur les profits!

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