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Leur société
Sarkozy en Afrique de l’Ouest : Quand élection rime avec loi contre l’immigration
Le voyage de Sarkozy au Mali et au Bénin, en Afrique de l'Ouest, les 17, 18, 19mai, avait disait-on pour objectif de présenter sa nouvelle loi sur l'immigration aux chefs d'État des pays concernés. En fait, Sarkozy a continué sa campagne électorale au travers de ce voyage. Et au Mali comme au Bénin, il a été reçu comme il le méritait par des manifestants indignés, considérant sa visite et sa politique anti-immigrés en France comme une provocation à l'égard des populations pauvres d'Afrique.
Les gouvernements de ces deux pays, eux, ont manifesté tous les égards à Sarkozy, et l'ont même accueilli en grande pompe, comme le chef d'État qu'il souhaite devenir. Ministres et chefs d'État maliens et béninois se sont bornés à des critiques feutrées. On ne mord pas la main de celui qui vous garantit votre trône. Cela n'a pas été le cas de bien des associations, de militants des droits de l'homme, voire de certains députés, qui n'entendaient pas laisser Sarkozy vanter son projet, où il flirte avec la xénophobie, sans réagir. À Bamako, le rassemblement devant la Bourse du travail, à l'initiative des organisations de jeunes, de partis politiques d'opposition, de syndicats et d'associations d'expulsés de France et d'Europe, a été dans un premier temps interdit. Cette interdiction a été finalement levée et les manifestants ont pu exprimer leur indignation et leur colère, réclamant le départ de «Sarkozy le raciste» et l'abrogation de sa loi anti-immigrés. Le même accueil au Bénin: petits fours, fanfares et honneurs dans les salons présidentiels; slogans anti-Sarkozy, sentiments de révolte dans les manifestations de rues de la capitale, Cotonou. Là également, le pouvoir a déployé d'impressionnants dispositifs de sécurité pour protéger les bâtiments officiels où était reçu Sarkozy.
Devant un parterre de privilégiés du régime triés sur le volet, Sarkozy s'est lancé dans des déclarations d'autant plus creuses qu'elles n'engagent à rien, ou à si peu, comme sur l'aide au retour des immigrés (dérisoire, 1000euros par clandestin qui accepterait de repartir), sur l'amitié franco-africaine, égratignant au passage les réseaux mafieux de ses prédécesseurs (dont il bénéficie lui aussi), multipliant les promesses d'aide au développement et surtout les contre-vérités.
D'Argenteuil à Bamako, personne ne peut être dupe du cinéma électoral de Sarkozy. Sa loi anti-immigrés ne tarira pas les flux migratoires en provenance d'Afrique et vers l'Europe; elle ne fera qu'aggraver le sort de ces émigrés, futurs clandestins. Comme le rappelait un manifestant malien: «Sarkozy est en campagne. Il vient comme pour dire à l'électorat français: "Regardez, je fais voter une loi pour durcir les conditions d'entrée en France des étrangers et vous voyez, je vais sans problèmes dans leur pays"»! La loi de Sarkozy n'a pas d'autre objectif que de spéculer sur le racisme, les préjugés xénophobes et réactionnaires d'une partie de l'électorat d'extrême droite qu'il convoite.