Mensonges et contre-vérités de Sarkozy24/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1973.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mensonges et contre-vérités de Sarkozy

Au cours de ce voyage, Sarkozy n'y est pas allé de main morte pour laisser percer son mépris à l'égard des pauvres, et même des gouvernements. Il a affirmé solennellement que «la France économique n'a pas besoin de l'Afrique. Les flux entre la France et l'Afrique représentent 2% de notre économie». Si tel était le cas, pourquoi la France n'a-t-elle jamais quitté économiquement et militairement ses anciennes colonies? À quelle fin la France maintient-t-elle un dispositif armé permanent, comme au Tchad ou à Djibouti? Si ce n'est pour défendre les intérêts des sociétés françaises grandes ou moins grandes?

Le ministre de l'Intérieur a ajouté qu' «il n'existe pas de compagnies minières françaises en Afrique et les entreprises françaises présentes en Afrique sont surtout spécialisées dans les services». Il précise qu'«il n'y a en réalité qu'un petit nombre de grands groupes français qui réalisent une part importante de leurs activités en Afrique» comme «Bouygues, Air France, Bolloré, qui n'ont pas besoin de la diplomatie française pour exister et se développer en Afrique». La réalité est quelque peu différente. Bolloré contrôle la totalité du transport ferroviaire et maritime en Afrique de l'Ouest, l'exploitation du bois, et a des intérêts dans de multiples secteurs économiques. Mais voilà, dès que les affaires tournent mal, les investissements des entreprises françaises privées dans ces pays «à risques» sont garantis par un organisme d'État, la Coface, qui intervient pour limiter leurs pertes. Et si la situation empire, le gouvernement français envoie les troupes, comme en Côte-d'Ivoire, pour préserver justement les intérêts des Bouygues et consorts. Sarkozy ne parle pas des grandes banques françaises qui toutes ont pignon sur rue dans ces pays.

Pour illustrer son propos, Sarkozy évoque deux pays africains où le groupe Total réalise, paraît-il, l'essentiel de sa production: le Nigeria et l'Angola, deux pays non francophones dit-il! Comme si le fait d'exploiter les richesses de deux anciennes colonies de la Grande-Bretagne et du Portugal signifiait que Total ne pille pas celles de l'ancien empire colonial français. Comme c'est le cas au Congo Brazzaville où Elf, compagnie pétrolière française, faisait la pluie et le beau temps, pillait le pétrole congolais, et continue de le faire après sa fusion avec Total, ayant même remis en selle le dictateur Denis Sassou Nguesso au prix d'une guerre civile qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts. Comme c'est le cas aussi au Gabon, ce petit État pétrolier à la tête duquel se trouve le dictateur-président Omar Bongo, totalement inféodé au gouvernement français!

Alors, il faut l'arrogance d'un Sarkozy pour prétendre que l'Afrique, et donc ses peuples ne comptent pas économiquement pour la bourgeoisie française, surtout après avoir pillé sans vergogne pendant des siècles les richesses du sous-sol africain durant la colonisation et exploité une main-d'oeuvre taillable et corvéable à merci.

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