La colonisation vue par les livres scolaires : La barbarie coloniale souvent passée sous silence24/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1973.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La colonisation vue par les livres scolaires : La barbarie coloniale souvent passée sous silence

Le récent débat sur le colonialisme qu'a relancé la loi du 23 février 2005 a montré qu'encore aujourd'hui certains essaient de justifier tout un passé fait de pillages et de massacres.

Il y a peu, une quarantaine de députés, en riposte à la suppression de l'article de cette loi sur le «rôle positif» de la colonisation, réclamaient la suppression de l'article de la loi de 2001 dite«Taubira» qui qualifie l'esclavage de crime contre l'humanité et prévoit de lui accorder «la place qu'il mérite» dans les programmes scolaires. L'esprit colonialiste est toujours présent, et pas seulement dans la tête de députés de l'UMP, mais aussi dans celle des rédacteurs et éditeurs de manuels scolaires.

Certes les manuels scolaires n'exaltent plus la «plus Grande France». Mais les programmes continuent de minimiser, voire d'occulter les cinq siècles d'histoire coloniale.

On peut ainsi lire dans la toute nouvelle édition d'un manuel à destination des élèves de la classe de première, au chapitre «la République coloniale»: «Le colonialisme français, au-delà de ses objectifs économiques et politiques, repose sur une justification morale ambiguë.» Expression pour le moins surprenante pour désigner les nombreux actes barbares qui ont jalonné toute l'histoire de la colonisation. Dans un autre manuel tout aussi récent, le cours sur «La France républicaine et coloniale» parle des «frustrations» des colonisés pour désigner leur juste sentiment de révolte contre les innombrables injustices.

La dernière édition du manuel d'histoire de première de chez Nathan technique consacre un dossier à la République coloniale dans lequel on trouve tout de même un document pour illustrer le travail forcé auquel furent soumis les peuples colonisés pour la construction de routes ou de voies de chemins de fer. Mais l'introduction de ce dossier explique encore que: «Cette colonisation repose toutefois sur une ambiguïté; (...) Ces populations ont peu de droits et beaucoup de devoirs.» Peu de droits! Mais les colonisateurs ont enlevé tous les droits, mêmes les plus élémentaires aux peuples colonisés: ils ont volé purement et simplement les terres les plus fertiles, la plus grande partie des richesses de ces pays. Les populations étaient traitées avec la plus grande brutalité. Les châtiments corporels étaient légion: fouet, cangue (sorte d'étau qui enserrait la tête et les bras des prisonniers), bras et mains coupés pour punir les «récalcitrants» au travail. Aux massacres sans nom commis durant la conquête sont venues s'ajouter les victimes du travail forcé et des répressions incessantes. Au début du XXe siècle, sur les quelque huit millions d'habitants que comptait alors l'Afrique occidentale française, deux millions étaient des «non-libres».

Comme on peut le constater, l'hypocrisie de la bourgeoisie française, dont la fortune s'est faite grâce à l'exploitation des colonies, et qui continue encore aujourd'hui à piller ces pays, continue aussi à imprégner l'école.

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