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Dans les entreprises
SNCM Marseille - Le référendum de Veolia : Nous ne serons pas corvéables à merci!
À la suite de la privatisation de la SNCM, un référendum organisé par la compagnie pour le compte de Veolia, repreneur de l'entreprise, demandait au personnel d'approuver son projet. Son résultat a prouvé que les travailleurs ne sont pas prêts à se laisser faire.
Les salariés de la SNCM devaient se prononcer sur un plan prévoyant de supprimer 400emplois, de réduire considérablement les congés des marins, de jongler avec les congés du personnel pour les faire coïncider avec les périodes de faible trafic, en hiver, tout cela en augmentant le nombre de lignes en Méditerranée et en renforçant l'activité sur le Maghreb; en bref, de faire en trois ans une économie de 20millions d'euros sur la masse salariale pour présenter finalement en 2009 des bénéfices de 15 millions d'euros aux actionnaires.
Ce projet était accompagné d'une lettre enjoignant au personnel de participer nombreux au vote et de fournir un nombre important de «oui», sinon Voelia se retirerait. Durant la semaine du scrutin, les incitations à voter «oui» se firent pressantes, tandis que les syndicats se faisaient très discrets. Parmi eux, seul le STC (Syndicat des Travailleurs Corses) appelait clairement à «rejeter ce projet». De son côté, durant la semaine précédant le scrutin, Lutte Ouvrière expliquait que le mieux était de s'abstenir, écrivant dans le bulletin Lutte Ouvrière de la SNCM: «N'acceptons pas le piège de ce référendum, traitons-le par le mépris: abstenons-nous. C'est notre refus qui les convaincra d'être prudents à notre égard», ajoutant dans un tract: «Ils font semblant de nous demander notre avis, ils nous proposent un vote du genre: «pile ils gagnent, face nous perdons». Ce qui est clair, c'est qu'ils veulent supprimer 400 emplois et nous rendre corvéables à merci. (...) Même si nous répondons «non», ils s'en serviront pour prétendre que leur référendum serait légitime.»
Finalement, alors que le scrutin avait été effectué en distinguant bien les différentes catégories de personnel, le résultat a été donné globalement, directeurs, cadres, maîtrise, ouvriers, employés et marins ensemble. Il faut croire que la direction préférait ne pas mettre en évidence l'expression du personnel de base. Sur la totalité, soit 2236 personnes, il y a eu 682 abstentions ou nuls, 1197 «oui», et 357 «non».
Ce résultat a été présenté par la direction et, à sa suite, par le quotidien La Provence comme une approbation à 77%, en omettant de préciser qu'il s'agissait de 77% des suffrages exprimés. En fait, malgré toute la propagande du patron, celui-ci n'a obtenu que 53% de «oui» sur l'ensemble du personnel.
Même si la direction dissimule le revers qu'elle a essuyé, elle aura compris le message: le personnel de base est bien celui qui a fait grève 23 jours l'automne dernier pour s'opposer à la privatisation de l'entreprise et aux suppressions d'emplois. Et il n'est pas prêt à se laisser faire