PCF : Il voudrait nous faire croire aux miracles18/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1972.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

PCF : Il voudrait nous faire croire aux miracles

Les dirigeants du PCF, par la voix de Marie-George Buffet et de ses partisans, battent la campagne en répétant qu'ils veulent regrouper les partisans d'une gauche anti-libérale, socle à partir duquel ils se proposent de gagner la présidentielle de 2007. Il faut cette fois, disent-ils, «battre la droite et réussir à gauche». Ce slogan, qui paraît simple et clair, recouvre en fait bien des ambiguïtés.

Battre la droite, nous dit-on. Soit! Qui, parmi une majorité de travailleurs, de jeunes, de retraités des couches populaires, victimes des mauvais coups des Raffarin, Villepin, Fillon, Sarkozy et autres, n'a pas envie de leur dire: «Prenez la porte!» Mais l'expérience nous a montré qu'il ne suffisait pas de se débarrasser d'une majorité de droite, pour en avoir fini avec une politique s'attaquant à la population laborieuse. Les dirigeants du PCF en conviennent -comme ils le font d'ailleurs à chaque fois qu'ils se sont retrouvés dans l'opposition depuis 1981. Marie-George Buffet ne cesse d'expliquer que, depuis cette date, «la gauche a gouverné trois fois et trois fois elle a déçu». C'est pourquoi, ajoute-t-elle, il faut cette fois créer les conditions pour «réussir à gauche».

Elle propose de rassembler, dans un premier temps, autour de débats, tous ceux «qui s'opposent au libéralisme ou à l'ultra-libéralisme». C'est dans cette perspective qu'elle veut faire du 29 mai prochain, date anniversaire du rejet du référendum sur la constitution européenne en France, une étape symbolique de cette démarche. Qui pourrait figurer dans le carnet de bal? Elle ne se montre guère précise. Mais on peut supposer que, du côté du PS, on pourrait y retrouver -s'ils acceptaient l'invitation- des hommes comme Mélanchon, Fabius, Emmanuelli qui furent ministres. Fabius fut même Premier ministre dans un de ces gouvernements qui contribuèrent à décevoir le «peuple de gauche», mais qui se sont positionnés, avant la synthèse du congrès socialiste du Mans, dans le camp des partisans du «non».

Mais la frontière entre ces «antilibéraux» et ceux qui ne le seraient pas est mouvante. Qui, aujourd'hui, dans ce petit monde de la gauche parlementaire, n'affiche pas ne serait-ce qu'un zeste d'antilibéralisme? Même un Jack Lang, même un Strauss-Kahn ne répugnent pas à le faire à l'occasion. On ne voit pour le moment que Ségolène Royal qui se déclare plutôt charmée par certaines mesures prises par Tony Blair. En fait, l'ambiguïté sur ce rassemblement qui se voudrait à gauche du PS commence par le choix des mots.

L'antilibéralisme, critère de sélection de Marie-George Buffet et de quelques autres, est une étiquette qui peut recouvrir bien des aspects. Autant dire qu'elle ne définit rien. En revanche, il ne peut se confondre avec l'anticapitalisme, avec l'affirmation nette de la volonté de combattre le patronat et les sacro-saintes lois du profit qui régissent son activité.

Supposons que cette coalition dite «antilibérale», qui se situerait «à gauche du PS» et dont les contours seraient par nature mal délimités, se mette d'accord sur le nom d'une ou d'un représentant, sur un programme. Celui-ci ne serait qu'un compromis destiné à plaire à tous, en ne satisfaisant personne, ni les partenaires d'une telle coalition, et encore moins ceux qui aspirent réellement et sincèrement à «réussir à gauche». Mais même en admettant que ces multiples difficultés soient résolues, se poserait alors le problème du second tour de l'élection présidentielle.

Seuls les deux candidats arrivés en tête au premier restent en compétition. «Battre la droite», cela signifierait alors voter pour le candidat du PS, s'il reste en lice. On ignore encore son nom parmi tous ceux qui, au PS, se sont mis sur les rangs, la politique qu'il s'engage à mener, et plus encore sa détermination à respecter ses engagements, s'il était élu. S'il ne l'est pas, ce qu'il faut quand même envisager, que faudrait-il faire pour «réussir à gauche»? Attendre de nouveau cinq ans la présidentielle suivante?

Et si le candidat de la gauche unie était élu, quels moyens disposeraient les électeurs de gauche, les travailleurs, pour imposer à cet élu ce qu'ils n'ont pas pu imposer à Mitterrand et à ses ministres socialistes après 1981?

Quel que soit le cas de figure, la voie que proposent le PCF et ceux qui se situent sur le terrain où il voudrait entraîner les travailleurs est une voie sans issue.

Réussir pour les travailleurs, c'est combattre le patronat et sa politique. Cela exige que l'on offre une perspective bien plus sérieuse, et finalement bien plus fiable que les urnes et les isoloirs, et que l'on engage le fer sur le terrain où les travailleurs, les jeunes, tous les exploités et les opprimés peuvent être les plus forts: le terrain de classe, celui des luttes.

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