Nos lecteurs écrivent : Sorti sans ses papiers18/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1972.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent : Sorti sans ses papiers

«Je travaille dans une petite entreprise du bâtiment à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne.

Jeudi 11 mai, deux collègues partent travailler sur un chantier proche de la Grande Bibliothèque François-Mitterrand. Dans l'après-midi, l'un deux va acheter une bouteille d'eau dans une boutique du quartier.

Après un long moment, ne le voyant pas revenir, son collègue finit par prévenir la direction de sa disparition. Pour en avoir le coeur net, l'adjoint du patron téléphone aux urgences, aux hôpitaux, ainsi qu'au commissariat du quartier. Mais pas trace du travailleur disparu! Dès que cela se sait sur le chantier, d'autant que toutes ses affaires sont restées au vestiaire, c'est l'inquiétude parmi nous tous, car ce copain est très apprécié.

Ce n'est que dans l'après-midi du lendemain que nous apprenons ce qui lui est arrivé. À quelques pas du chantier, la police avait bouclé le quartier, arrêtant tous ceux qui passaient par là et qui avaient l'air étranger, pour contrôler leurs papiers. Malheur à ceux qui n'en avaient pas, mais aussi à notre collègue malien qui ne les avait pas pris avec lui! Celui-ci a eu beau expliquer son cas, les policiers zélés n'ont rien voulu savoir et l'ont embarqué avec d'autres dans des cars bondés.

C'est ainsi que notre collègue s'est retrouvé au dépôt dans l'île de la Cité. Son seul crime: avoir eu soif et, pire, avoir laissé ses papiers au vestiaire! Après plusieurs heures d'attente et après vérification de la police, il n'a été relâché que tard dans la nuit, comme la plupart des autres personnes arrêtées.

Dans l'entreprise, nous venons des quatre coins du monde. Heureux du retour de notre camarade, beaucoup ont aussi exprimé leur colère et leur indignation face aux méthodes de la police. Voilà qui promet, avec la nouvelle loi Sarkozy qui entend encore aggraver le sort des travailleurs immigrés et de leurs familles!»

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