Loi Sarkozy : Tous les travailleurs sont visés18/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1972.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Sarkozy : Tous les travailleurs sont visés

Beaucoup des immigrés visés par la loi Sarkozy proviennent de pays qui, après avoir subi le colonialisme, ont été soumis au pillage de leurs richesses par l'impérialisme français. Les campagnes y sont de plus en plus invivables, tandis que la misère se concentre dans les villes. Les anciennes colonies d'Afrique restent une chasse gardée de la France, à l'ombre de dictatures protégées par son armée.

Fuyant la misère ou l'une de ces dictatures, les immigrés font partie de la classe ouvrière. Parmi les plus exploités, ils sont aussi les plus exposés aux soubresauts de l'économie capitaliste. Appelée à la rescousse pour faire fonctionner la machine à profits quand celle-ci reposait sur un accroissement de la production, l'immigration économique a été ralentie en période de crise à partir de 1974, quand Giscard d'Estaing a décidé qu'elle serait «suspendue», mesure complétée trois ans plus tard par une «aide au retour» qui n'eut qu'un effet très limité.

De telles décisions furent évidemment sans effet sur l'évolution du chômage, car les capitalistes continuèrent à accroître leurs profits en jetant une partie des travailleurs à la rue, tandis que ceux restés à la production devaient subir l'augmentation des rythmes de travail et une baisse du pouvoir d'achat.

Les travailleurs, immigrés ou français, ont à affronter ensemble ces attaques patronales, mais les premiers sont soumis à une législation et à une situation particulières, à l'origine de bien des drames. À partir de 1993, ce furent les lois instaurées par Pasqua puis Debré, maintenues ensuite par Chevènement quand celui-ci devint ministre de l'Intérieur du gouvernement de la gauche plurielle.

Les lois contre les immigrés sont inopérantes pour dissuader de nouveaux immigrants de venir dans des pays bien plus riches que ceux qu'ils quittent, car l'aggravation de la misère dans les pays pauvres est la conséquence d'une loi bien plus puissante: celle de l'économie capitaliste. Du point de vue des patrons du bâtiment, de la restauration et de l'hôtellerie, du nettoyage, des sous-traitants des grands groupes industriels, cette situation de précarité est pain béni, car ils peuvent ainsi faire travailler, le plus souvent au noir, des travailleurs contraints à la discrétion du fait de leur situation.

Cette situation se répercute par ricochet contre tous les travailleurs, y compris ceux qui sont en France depuis longtemps. Car tant que certains sont obligés d'accepter n'importe quel salaire et les conditions de travail les plus dures, les plus dangereuses, simplement pour survivre, ceux qui sont «en règle» pour les papiers subissent le chantage des patrons pour qu'ils acceptent des salaires d'embauche plus bas, des horaires prolongés, une diminution des pauses, etc.

La solidarité dont doit faire preuve l'ensemble de la classe ouvrière avec les travailleurs immigrés n'est pas une question de papiers, ni de nationalité. Elle résulte de la conscience d'avoir des intérêts présents et à venir communs. Les lois anti-immigrés s'efforcent de brouiller cette conscience, en spéculant sur le racisme, les préjugés xénophobes et réactionnaires. Ce n'est en outre évidemment pas un hasard si le projet Sarkozy, le deuxième sur ce même sujet en deux ans, intervient dans une année pré-électorale. Le ministre de l'Intérieur veut séduire les électeurs de Le Pen et de Villiers en développant les thèmes chers à l'extrême droite: les préjugés racistes et xénophobes, liés à une démagogie sécuritaire, assimilant insécurité et immigration.

Mais en réalité, la seule sécurité qu'il entend assurer est celle des riches, des patrons et de leurs profits. Contre l'ensemble des travailleurs.

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