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- Lutte ouvrière n°1972
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Leur société
À l’heure de la chasse aux sans-papiers : À Limoges
Ces dernières semaines, et en particulier lors des longs week-ends, le tribunal administratif de Limoges a multiplié les jugements de «reconduite à la frontière» d'immigrés sans papiers. Et cela alors que jusque-là leur situation y était plutôt plus sereine qu'ailleurs.
Des travailleurs bulgares, dont un bûcheron, une Nigériane, un Algérien, parmi ceux dont on a eu connaissance, ont été expulsés après avoir été mis en rétention, soit dans une cellule du commissariat, soit dans un Etap Hôtel proche de la gare, puis acheminés à Toulouse pour être embarqués à bord d'un avion.
L'un a été interpellé lors d'un contrôle de véhicule, un autre, ayant déposé un dossier de régularisation, a été convoqué comme suite à sa demande: il était alors menotté, mis en rétention et traduit devant le tribunal administratif. Il y a aussi l'exemple de ce travailleur, pourtant en CDI, qui s'est vu refuser une autorisation de résider en France qu'il devait venir chercher régulièrement à la préfecture en justifiant chaque fois de son embauche. Comme il demandait ce qu'il allait faire pour continuer à travailler, le fonctionnaire de la préfecture lui dit qu'il n'avait plus «qu'à rentrer chez lui»!
Le dernier en date des sans-papiers mis en rétention est un Guinéen, père de trois enfants nés ici, dont deux scolarisés et qui resteront seuls avec leur mère. Opposant dans son pays d'origine et recherché, s'il est expulsé il risque la prison. Il a fait une demande d'asile auprès de l'OFPRA, mais cela n'est pas suspensif et il risque l'expulsion tant que l'OFPRA n'a pas pris en compte sa demande.
Le Collectif des sans-papiers (qui existe depuis un an et demi et qui avait déposé plusieurs centaines de dossiers de régularisation à la préfecture) et le Collectif de soutien regroupant des organisations politiques et syndicales et des associations, ont appelé à plusieurs rassemblements devant le commissariat. Pour l'instant, ces rassemblements regroupent de 100 à 200 manifestants presque tous les soirs et se dirigent en manifestation jusqu'à la préfecture. Ils sont déterminés à se faire entendre.