Les dirigeants de la Juventus de Turin, club de football champion d'Italie pour la deuxième année consécutive et pour la 29efois de son histoire, le président de la fédération italienne de foot et neuf arbitres ont été contraints de démissionner de leurs fonctions. Ils sont soupçonnés d'avoir «arrangé» 19matches la saison passée et d'autres encore cette année.

Des écoutes téléphoniques ont montré que le président de la Juventus avait la possibilité de désigner lui-même les arbitres des rencontres de son club. «Je t'ai trouvé un arbitre, un arbitre, comme ça» dit par exemple une des conversations enregistrées. Ce qui expliquerait logiquement, entre autres, les penaltys facilement accordés à la Juve et souvent refusés à ses adversaires.

Cette énième affaire dans le football professionnel ne surprend personne. Seuls les dirigeants des autres clubs professionnels, ceux qui n'ont pas aussi bien triché, ou avec moins de moyens, font semblant d'être choqués. Les milieux du sport, qui sont en Italie comme ailleurs les milieux des affaires, ne craignent même plus le scandale de trop qui tuerait la poule aux oeufs d'or. Après tout, on regarde toujours passer des armoires à pharmacie pédalantes, on admire des sprinters gonflés comme des montgolfières, alors pourquoi pas des matches de foot réglés d'avance, si le spectacle est bon? Certains supporters de la Juve avaient d'ailleurs inscrit sur leurs fanions, lors du dernier match de la saison, «la fin justifie les moyens».

Il y a quand même au moins un chaud partisan du déclassement de la Juventus. C'est le propriétaire du Milan AC, deux fois deuxième et qui se retrouverait ainsi deux fois champion d'Italie. Il s'agit de Silvio Berlusconi qui est, comme chacun sait, l'honnêteté personnifiée et le garant de la morale, en sport comme en toutes choses.