Jeudi 11 mai, dans un quartier très fréquenté d'Anvers, un jeune Belge de 18 ans a tiré au fusil sur plusieurs passants, blessant une jeune femme turque assise sur un banc et tuant une jeune femme d'origine africaine et la petite fille blanche âgée de deux ans dont elle avait la garde. Son raid s'est arrêté quand un policier a tiré et l'a gravement blessé. D'après ses propres dires, il visait des personnes d'origine étrangère «pour mettre de l'ordre dans ce monde».

La tante du meurtrier est députée du Vlaams Belang (Intérêt flamand) et son père en est militant de longue date. Le Vlaams Belang, nouvelle dénomination du Vlaams Blok, est une organisation flamande d'extrême droite, raciste, et dont une partie des membres a des sympathies nazies. À Anvers, le VB a atteint 33% lors des élections communales de 2000 et plus de 24% en 2004 pour l'ensemble de la Flandre. Il est bien connu que la police d'Anvers est gangrenée par le racisme.

Lors des élections communales d'octobre prochain, le VB risque d'être majoritaire dans plusieurs municipalités. Dans les partis de droite, des voix se font de plus en plus entendre pour rompre le «cordon sanitaire» de 1991 et former des alliances avec le VB.

Le Vlaams Belang refuse, bien entendu, toute responsabilité dans ce meurtre. Jamais ses dirigeants n'auraient appelé au meurtre ou à la violence. Cependant, lors du meeting du 1er mai du VB, un des slogans avancés était le droit à la défense et le droit des Flamands de s'armer contre l'insécurité raciste.

Sur le site internet de Paul Beliën, un des idéologues du VB, on peut lire la prose suivante: «Donnez-nous les armes. (...) Les fauves ont des dents, des griffes, des couteaux. Ils ont appris, lors de leur fête annuelle, comment égorger les moutons. Nous, nous ne pouvons même pas avoir un spray au poivre en poche. Eux, ils ont des canifs et des couteaux de boucher et ils savent s'en servir. (...) Il est temps que nous flanquions les fauves à la porte, que nous élisions d'autres bergers.»

Il y a eu bien d'autres agressions et meurtres racistes depuis des années et pas seulement à Anvers, dont certains commis par des proches du VB. Rien que pour ce début mai, la presse a relaté la mort d'un jeune Marocain anversois retrouvé dans l'Escaut. Il avait disparu depuis dix jours, après une dispute -raciste selon des témoins- devant une discothèque. À Bruges plusieurs africains ont été tabassés par des skinheads, l'un est encore dans le coma.

Ces violences racistes interviennent près d'un mois après le meurtre d'un jeune d'origine belge à la Gare Centrale de Bruxelles, quasi filmé en direct par les caméras de surveillance, pour s'être défendu contre le vol de son MP3! Pendant la quinzaine précédant l'arrestation des deux jeunes assassins -d'origine polonaise- les jeunes d'origine maghrébine étaient d'office suspectés et le racisme anti-arabe s'est amplifié sensiblement avec cette affaire quotidiennement à la Une des médias.

Une «marche contre la violence» est prévue à Anvers le 25 mai, en espérant le plus de monde possible. Mais pour faire reculer la gangrène raciste et l'extrême droite, c'est d'abord le chômage et la misère qu'il faudrait faire reculer, par une politique déterminée contre le patronat qui fait des profits mirobolants tout en supprimant des dizaines de milliers d'emplois.