Prévention de la délinquance : Une loi Sarkozy peut en cacher une autre10/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1971.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prévention de la délinquance : Une loi Sarkozy peut en cacher une autre

Nicolas Sarkozy prépare une deuxième loi. Interviewé à la suite du meurtre d'un jeune à Évry, lors de l'affrontement entre deux bandes rivales, il a réaffirmé qu'il préparait aussi une loi sur la délinquance des mineurs, qui devrait être votée «avant l'été».

Annoncée depuis plusieurs mois, cette loi a provoqué des levées de boucliers, en particulier dans le secteur de l'éducation spécialisée et de la prévention. En effet, loin d'annoncer le développement des moyens éducatifs nécessaires pour donner aux jeunes des objectifs autrement plus intéressants que la rivalité et les rixes entre bandes ou le vol à la tire, le projet de loi est entièrement axé sur la répression, dont on sait que l'efficacité est limitée.

«La primauté des mesures éducatives devra être réaffirmée», déclare Sarkozy qui s'empresse d'ajouter, «sachant que la sanction est une forme d'éducation, que la loi devra le dire clairement». De fait, son projet de loi prévoit des mesures aussi «éducatives» que la mise sous tutelle des allocations familiales, l'éloignement des jeunes soumis à la «mauvaise influence» de leur quartier, un suivi psychiatrique imposé, et bien entendu l'enfermement. Sarkozy s'est plaint par exemple que dans l'Essonne, département où un jeune s'est fait poignarder, il n'y ait eu dans l'année que 700 emprisonnements pour 11000 interpellations.

L'une des nouvelles sanctions proposées serait «l'immersion dans le monde du travail» pour faire comprendre les règles qui s'y appliquent. Mais si les jeunes avaient réellement la possibilité de «s'immerger» dans le monde du travail, en étant décemment payés, cela se saurait.

Le projet de loi compte donner un rôle central au maire de la commune pour organiser la répression. C'est à lui que devraient être rapportées, par les enseignants et les éducateurs, toutes les situations problématiques, pour qu'il puisse y répondre en tant que responsable des actions policières. C'est ce dernier point qui a provoqué déjà plusieurs coups de colère des personnels éducatifs, qui ne font pas rimer prévention avec répression mais qui préfèrent le faire avec éducation.

Sarkozy en campagne a plusieurs cordes à son arc. Mais toutes dans la panoplie sécuritaire.

Partager