Massacres de Sétif et Guelma (mai 1945) : Quand l’Humanité ment... par omission10/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1971.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Massacres de Sétif et Guelma (mai 1945) : Quand l’Humanité ment... par omission

Le journal l'Humanité a publié mardi 9 mai un long article intitulé: «L'autre mai 1945: massacre colonial à Sétif. L'historien Mohamed Harbi revient sur une page sombre longtemps occultée.» Il s'agissait de rappeler un crime de l'impérialisme français qui avait eu lieu soixante-et-un ans plus tôt, en mai 1945, à Sétif et Guelma, en Algérie. Mais dans l'article de l'Humanité, pas un mot sur la politique du Parti Communiste à cette époque, alors qu'il a tout de même largement contribué à ce que cette «page sombre» soit «occultée»... et même un peu plus!

En Algérie, comme dans d'autres pays colonisés, la fin de la guerre renforça le sentiment national, et d'autant plus que l'impérialisme français continuait à refuser le moindre droit aux «colonisés». À l'occasion de la célébration de l'armistice du 8mai 1945, à Sétif, le Parti du Peuple Algérien de Messali Hadj, qui était alors le principal parti nationaliste algérien, avait décidé de manifester pour faire entendre ses revendications. L'agression par la police d'un manifestant qui portait le drapeau algérien fut le point de départ de l'émeute. Quelques dizaines d'Européens furent tués. Dans une autre ville du Constantinois, Guelma, des événements similaires se produisirent ce jour-là. La révolte s'étendit aussi aux campagnes environnantes.

En riposte à ces émeutes, la police, l'armée ainsi que des milices européennes réprimèrent sauvagement pendant huit jours: fusillades, bombardements de l'aviation, disparitions de villages entiers, fosses communes remplies de cadavres. Au total, il y eut, du côté de la population algérienne, de 20000 à 40000 morts. Selon la version officielle, celle donnée par les militaires, il n'y aurait eu «que» 1000 à 1500 victimes.

Le Parti Communiste, tout comme le Parti Socialiste, était en 1945 membre du gouvernement provisoire de De Gaulle. Un de ses dirigeants, Charles Tillon, était ministre de l'Air. Et même s'il ne commandait pas l'aviation militaire, il ne pouvait pas ne pas être au courant des mouvements aériens au-dessus du Constantinois algérien.

Le Parti Communiste prônait alors «l'Union française». Autrement dit il justifiait le maintien du colonialisme français et qualifiait alors les militants nationalistes de provocateurs fascistes. Le 12 mai 1945, l'Humanité écrivait: «Les instruments criminels de la grosse colonisation sont le MTLD et le PPA (deux partis nationalistes algériens), tels Messali et les mouchards à sa solde qui, lorsque la France était sous la domination nazie, n'ont rien dit et rien fait et qui, maintenant, réclament l'indépendance. Ce qu'il faut, c'est châtier impitoyablement les organisateurs des troubles!» Le Parti Communiste fut totalement solidaire de cette politique répressive qui fit des milliers de morts.

Le journal l'Humanité du 9 mai dernier ne dit rien de tout cela. Il laisse ainsi ses lecteurs croire que le Parti Communiste avait à l'époque condamné ces massacres. Il n'en a rien été.

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