Hôpital : Entre les économies et la santé, il faut choisir10/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1971.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpital : Entre les économies et la santé, il faut choisir

L'hôpital public est malade, et les médecins urgentistes et les praticiens hospitaliers (PH) appellent à la grève jeudi 11mai. Ces derniers, qui sont aujourd'hui nommés dans un service par le ministère de la Santé, refusent que leur affectation, si le projet passe, dépende des patrons de l'hôpital. D'après Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers, qui soutient leur grève, cela va «développer la cooptation et le copinage».

Les urgentistes dénoncent aussi la situation financière catastrophique des hôpitaux, Ils rappellent que les directeurs d'hôpitaux regroupés dans la Fédération hospitalière ont chiffré à 1,5 milliard d'euros la somme qui leur manque pour faire fonctionner leurs établissement en 2006. Les urgentistes refusent aussi la fermeture de lits, qui devrait être cet été beaucoup plus importante qu'en 2005. Selon Pelloux, un tiers des lits seront fermés.

Un second préavis de grève a été déposé, pour le vendredi 12mai, par la Coordination nationale infirmière qui dénonce «le manque d'effectifs qui amplifie la dégradation de nos conditions de travail et de la qualité des soins qui s'en ressent».

À tous ceux qui travaillent dans les hôpitaux et qui vivent au quotidien les conséquences des économies gouvernementales, au nom d'une logique budgétaire qui considère qu'on gère un hôpital comme une entreprise, Rose-Marie Van Leberghe, la directrice générale de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), a apporté des réponses édifiantes dans une interview au Figaro.

Elle explique ainsi que l'hôpital public obtiendra une rallonge budgétaire de l'État de 230 millions d'euros en cinq ans, en contrepartie d'un plan d'économies de... 240 millions. Bref, en cinq ans, il faudra faire autant à l'AP-HP, avec encore moins de moyens. Elle se félicite d'avoir supprimé 900 postes administratifs en 2004, «non pourvus» d'après elle, et encore 500 en 2005 -on serait heureux de savoir ce qu'en pensent ceux qui travaillent dans ces services. Enfin, elle annonce avoir recruté des aides-soignantes et des infirmières pour «commencer à résorber la pénurie», mais se garde bien de donner des chiffres. Pourtant la pénurie dans ce domaine exige des mesures d'urgence, puisqu'à l'échelle du pays il manque près de 15000 infirmières, sur un effectif total de 420000.

Enfin, la directrice de l'AP-HP revendique la fermeture de lits pendant l'été, car «maintenir le même nombre de lits dans chaque hôpital comme pendant le reste de l'année serait inconséquent» et, mais ce n'est même pas de l'humour noir après le drame de la canicule, elle préfère les fermer l'été que l'hiver, «en pleine épidémie de grippe ou de bronchiolite». D'autant plus qu'existerait aujourd'hui un système de veille capable de détecter un afflux aux urgences ou en réanimation et d'identifier les lits qui peuvent être rouverts rapidement... et sûrement aussi, mais elle ne le dit pas, d'embaucher d'urgence le personnel qui manque!

Ce n'est pas en leur chantant Tout va très bien, Madame la Marquise, que la directrice de l'AP convaincra tous ceux qui travaillent à l'hôpital, médecins, infirmières, aides-soignantes, etc., et en font, pour reprendre la formule de Patrick Pelloux, «la seule structure qui crée un peu d'humanité dans le pays», que l'austérité est le remède à leurs difficultés.

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