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Leur société
Hébergement d’urgence en Isère : La pauvreté s’étend
Mi-avril, la préfecture de l'Isère a rendu public le bilan de son dispositif d'hébergement d'urgence des sans-abri pendant l'hiver. Cette année encore le nombre de gens qui ont dû faire appel à des structures d'hébergement est en augmentation.
Déjà tout au long de l'année, en Isère, près de 600 personnes sont hébergées en hôtels par les organismes sociaux et 1200 dans des foyers d'accueil: hommes ou femmes isolés, mamans avec leurs enfants, et des familles; toutes ces personnes, de plus en plus nombreuses, qui n'ont pas ou plus les moyens de louer un logement. Ce qui n'empêche pas que d'autres dorment dans des voitures, des caravanes, ou même dans des tentes. Plus de 1000 places sont par ailleurs destinées aux demandeurs d'asile, mais là aussi les places sont insuffisantes. Le dispositif a fortement augmenté, puisqu'il y a dix ans, 400 places au total étaient mises à disposition pour tout public.
Pour la période hivernale, de novembre à mars, 83 places supplémentaires ont été créées, correspondant au niveau1 du plan hiver, auxquelles se sont ajoutées 265 places quand le niveau2 «grand froid» a été déclenché du 20 décembre au 18 mars, soit quasiment pendant tout l'hiver. Le niveau3 «froid extrême» a été déclenché quelques jours, mais aucune structure d'hébergement nouvelle n'a ouvert. Ces places supplémentaires d'hébergement sont pour la plupart gérées par des associations qui sont subventionnées pour cela par la DDASS (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales). Ces associations embauchent du personnel pour la campagne d'hiver, mais des bénévoles y travaillent aussi, ce qui revient bien moins cher à l'État.
Dès le début mars, le souci de la préfecture et de la DDASS était de commencer à vider les structures d'hiver pour pouvoir les fermer le 31. De nombreuses personnes (souvent des hommes seuls) se sont retrouvées sans abri, même s'il a continué à faire très froid. C'est chaque année la même chose: à la fin de l'hiver, quand les structures hivernales ont fermé, il ne fait pas bon avoir besoin d'un hébergement, il n'y a plus aucune place de libre.
À la préfecture et à la DDASS, on se dit très préoccupé des personnes démunies de logement. Mais le dispositif est insuffisant, et les hébergés le sont souvent dans des conditions de promiscuité et de précarité (durée limitée, impossibilité de rester dans l'hébergement pendant la journée). C'est que toute la politique du patronat et du gouvernement à son service n'aboutit qu'à faire baisser le niveau de vie de la population laborieuse, et donc à transformer les plus démunis en sans-abri.