SNCF : Précarité et contrats de travail multiples04/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1970.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Précarité et contrats de travail multiples

Lundi 24avril, le tribunal des prud'hommes de Paris examinait la plainte déposée contre la SNCF par 165travailleurs embauchés entre 1998 et 2004 dans le cadre des emplois-jeunes. La SNCF ne leur avait pas versé certaines primes qu'elle verse normalement aux cheminots, soit un manque à gagner par personne de 4000 à 8000 euros. On ne sait pas quel sera le jugement rendu le 6juin prochain, mais on peut juger déjà de la façon dont la SNCF utilise les possibilités d'emplois précaires qui s'offrent à elle. Cette politique est ancienne, mais elle tend à s'accentuer.

Dans son Rapport de gestion 2005, la SNCF se déclare "engagée activement dans les dispositifs publics de soutien à l'emploi". En clair, à la SNCF comme dans toutes les entreprises aujourd'hui, la précarité est le lot d'un nombre de plus en plus grand de travailleurs. Lorsqu'elle embauche, en particulier dans les gares et dans les services commerciaux, les contrats sont des plus divers: contrats emploi solidarité, emplois aidés, contrats à durée déterminée, contrat à durée indéterminée mais sans le statut SNCF. Il n'est pas rare que, dans les gares, deux travailleurs sur trois soient contractuels et non pas "cheminots" en titre, donc sans les primes ni la retraite qui sont liées au statut. Dans les bureaux, des employés à temps partiel non choisi, en CDI, voire en CDD, remplacent des cheminots partis à la retraite.

Dans ce même rapport, la direction fait état de ce qu'elle ose appeler son "soutien de l'emploi": 1500 jeunes en contrats d'alternance embauchés en 2005; "1000 nouveaux contrats d'apprentissage ou de professionnalisation à durée indéterminée en 2006"; dans le cadre des contrats aidés, "la SNCF s'engage à favoriser la reprise d'activité de 700personnes bénéficiaires de minima sociaux sur deux ans, soit au sein de la SNCF, soit par des chantiers d'insertion que l'entreprise (...) s'est engagée à mobiliser". Toutes ces mesures sont notoirement insuffisantes pour faire face au manque d'effectifs mais, de plus, elles contribuent à banaliser les emplois précaires, sous-payés, sans garanties, plus à la merci des humeurs de l'encadrement. Non seulement les effectifs globaux sont réduits (les élections professionnelles de mars dernier ont montré qu'en deux ans les effectifs cheminots avaient diminué de près de 9000), mais les emplois précaires sont de plus en plus nombreux dans l'entreprise et plusieurs milliers de travailleurs se retrouvent aujourd'hui régis par des statuts à géométrie variable.

Aujourd'hui, la précarité n'apparaît plus comme l'exception, mais est en passe de devenir la règle. Autant dire qu'à la SNCF, comme dans toutes les entreprises publiques ou privées du pays, la lutte contre la précarité est à l'ordre du jour.

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