Lutte contre la précarité : Le CNE contesté04/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1970.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lutte contre la précarité : Le CNE contesté

Une employée avait d'abord obtenu un CDD de six mois, jusqu'en janvier dernier, chez un mandataire pour les entreprises en liquidation judiciaire à Versailles. Ce patron a voulu lui imposer ensuite un CNE (contrat nouvelles embauches) avant de la licencier un mois plus tard. Mais l'employée a porté plainte devant le tribunal des prud'hommes de Longjumeau, dans l'Essonne, qui vient de condamner le patron à 10000 euros de dommages et intérêts pour "licenciement sans cause réelle et sérieuse".

Le jugement déclare notamment que le CNE, qui autorise depuis août dernier les patrons d'entreprises jusqu'à vingt salariés à licencier sans motif pendant deux ans, est contraire à une convention juridique internationale signée par la France.

Cette décision, on peut l'espérer, incitera à de nouvelles demandes aux Prud'hommes et fera hésiter des petits patrons à se croire autorisés à utiliser le CNE pour disposer de toutes les facilités pour se débarrasser de leurs salariés. Cependant, sur le plan juridique, rien n'est gagné définitivement: le patron de Versailles annonce qu'il fait appel, tandis que le CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises), syndicat patronal, estime que le jugement de Longjumeau ne remet pas en cause la validité du CNE. Ces petits patrons misent sur le fait que la Cour de cassation sera sensible à leurs intérêts et leur laissera les mains libres pour développer la précarité des emplois, comme l'avait fait le Conseil d'État. Celui-ci avait en effet validé l'ordonnance du gouvernement instituant le CNE. Dans le même sens, le ministre de la Justice avait envoyé une circulaire indiquant au procureur les ficelles juridiques à leur disposition pour défendre le CNE.

Il n'empêche, des travailleurs licenciés alors qu'ils étaient en CNE se défendent, et ils ont raison. Ils le font sur le terrain juridique. Mais il ne faut pas s'arrêter là. L'abolition pure et simple du CNE, dans la foulée de celle du CPE, reste à l'ordre du jour. Et, au-delà, la lutte contre le travail précaire qui gagne du terrain. Une telle lutte exige que la classe ouvrière intervienne collectivement et réussisse à inverser le rapport de force en sa faveur.

Oui, il faut mettre un coup d'arrêt à l'offensive du patronat qui se croit tout permis.

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